top of page

Critique de Buzz L’Eclair ou comment tuer la franchise Toy Story

Dernière mise à jour : 16 nov. 2022


Affiche Critique film Pixar Buzz L'Eclair Lightyear Toy Story La lectrice cinéphile

Salut à vous, les cinéphiles ! Etant pourtant une grande fan des studios d’animation Pixar, depuis le début de ce blog, je n’avais encore jamais eu l’occasion d’écrire une critique sur l’un de leurs longs-métrages. On est plutôt habitué à ce que le studio à la lampe produise des films très qualitatifs, raflant presque tous les ans l’Oscar du meilleur film d’animation. Cependant, il a aussi sorti des films moins bons, et je suis au regret de vous annoncer que, selon moi, Buzz L’Eclair en fait partie. Je n’ai pas apprécié ce film, que je considère probablement comme le pire Pixar.

Pourtant j’avais tout de même des attentes quant au film et je ne partais pas pessimiste du tout. J’avais même regardé le documentaire sur Disney+ Au-delà de l’infini : Buzz et le voyage dans l’hypervitesse, sorti quelques semaines avant le film, qui m’avait donné envie de le voir et montré tout le travail qui se cachait derrière. Je vous conseille d’ailleurs ce documentaire qui, même s’il spoil un peu la première partie du film, retrace toute l’histoire du personnage de Buzz L’Eclair, de ses débuts dans Toy Story, à sa réinvention dans le film éponyme. Mais rien n’y fait : le film m’a déçue. Je l’ai trouvé bien peu original et il est dommage que Pixar ne se soit pas arrêté après avoir épuisé les dernières ressources de la franchise Toy Story.


Partie sans spoilers


Le film qui a inspiré le jouet


Buzz L’Eclair prend le parti de raconter quelque chose que personne n’attendait, à savoir que le jouet Buzz L’Eclair qu’a reçu Andy, le propriétaire de Woody et ses amis, en 1995, est issu de son film préféré. C’est donc ce film qu’est censé être Buzz L’Eclair. On y suit les aventures de Buzz, ranger de l’espace, qui, après avoir fait échouer son vaisseau, et par la même occasion toute la flotte, sur une planète dangereuse, cherche une solution pour réparer son erreur et ainsi faire s’envoler le vaisseau hors de cette planète… Quoi, un sentiment de déjà vu ? Je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler !


Une histoire peu palpitante


Le principal défaut du film réside dans son intrigue. D’abord, le premier acte, qui est censé être l’acte d’exposition, n’expose rien du tout ! On est directement propulsé dans l’action, mais sans savoir où le film va nous emmener. Tout va trop vite. D’un autre côté, on suit l’histoire du point de vue de Buzz et c’est comme cela qu’il vit le début de l’histoire. Mais ce n’est pas une bonne façon de commencer un film. Les personnages apparaissent puis disparaissent avant que leur potentiel n’ait vraiment commencé à être exploité. Finalement, les personnages plus centraux et les enjeux de l’intrigue ne sont introduits qu’après toute cette phase assez floue et les véritables péripéties ne commencent qu’à partir de ce moment. Puis une fois que tout ceci est sur les rails, le récit devient lent, ennuyeux. Il continue comme un film de science-fiction traditionnel, comme un film d’animation traditionnel, pour un résultat peu original. La fin est peut-être légèrement moins prévisible que le reste mais ne parvient pas non plus à relever le niveau. Dans l’ensemble, je trouve l’intrigue, et même le film de manière générale, sans intérêt, inutile.


De nouveaux personnages à la hauteur des anciens ?


Néanmoins, certains personnages sont assez intéressants et auraient pu être mieux utilisés… dans un meilleur film ! D’abord, la réinvention du personnage de Buzz est plutôt réussie. Son introduction est très sympathique et fait complètement écho à la première apparition du personnage dans Toy Story. J’ai bien aimé cette référence directe qui crée une proximité entre les deux versions du personnage. Ce dernier garde sa qualité de meneur, son courage, et conserve son côté présomptueux. Mais il est rapidement tourné en dérision, en caricature, ce qui apporte un peu d’humour. Cependant, son évolution, bien que sympathique et porteuse d’un bon message, est très prévisible et classique. Elle manque cruellement d’originalité, que ce soit dans sa nature ou dans son traitement. Sa réinvention est peut-être réussie, mais elle n’apporte pas grand-chose ni au personnage de Toy Story, ni au panel des personnages Pixar plus généralement.

Ensuite, j’ai un avis assez mitigé sur l’antagoniste, Zurg. Encore une fois, c’est l’introduction du personnage que j’ai trouvé la plus réussie : elle est effrayante. On commence par voir certaines parties de son « corps », on le voit ensuite de dos, puis seulement ses yeux perçants. J’ai même trouvé ce traitement trop effrayant pour un film pour enfants. Pour ce qui est de ses motivations et de son plan, je les ai trouvés plutôt creusés, même peut-être un peu trop pour un film jeunesse. Le personnage a différentes facettes que l’on découvre, et les divers retournements de situation dont il est la cause sont divertissants, bien que, encore une fois, peu originaux.

Enfin, pour ce qui est des nouveaux personnages, je les ai trouvés sympathiques, mais oubliables. Néanmoins, chacun a un signe distinctif qui mérite d’être évoqué. D’abord, le personnage de Darby est très drôle. Il me fait penser à la fois à la sarcastique Madame Placard dans Atlantide L’Empire perdu, et à l’esthéticienne Kim Ly dans Turbo. Darby a une dynamique assez intéressante avec le peureux Mo. Le personnage d’Izzy, lui, aborde plutôt bien des thématiques intéressantes telles que la peur de ne pas être à la hauteur ou la manière de surmonter ses phobies. Pour finir, j’ai gardé le meilleur pour la fin, j’ai plutôt apprécié le chat, Sox. C’est plutôt étonnant parce que souvent, j’ai tendance à ne pas vraiment apprécier les animaux dans les films. Il m’a beaucoup fait penser au Flerken Goose dans Captain Marvel. Je l’ai vraiment trouvé très drôle et rafraichissant. Il a une bonne dynamique avec Buzz et s’avère être un side-kick intéressant.


Un film réussi du point de vue technique


Le film ne pouvait pas non plus échouer sur tous les terrains. C’est un Pixar après tout alors il est vrai que, visuellement, le film est réussi. J’ai particulièrement remarqué qu’un vrai travail a été effectué au niveau de la mise au point, qui accentue le réalisme. On dirait que le film a été filmé avec une vraie caméra, chose que je ne me souviens pas avoir particulièrement remarqué dans les autres Pixar. Néanmoins, ce n’est pas parce que le film est visuellement réussi qu’il est particulièrement beau à voir. Tout est gris et terne, ce qui correspond bien avec le genre SF que le film essaye d’imiter, mais n’en fait pas un beau film.

Autre point positif : l’immersion sonore est, elle aussi, réussie. Le thème musical, bien qu’assez oubliable, met en avant l’action et le suspense et colle assez bien à l’ambiance stellaire du film. J’ai trouvé l’immersion vraiment totale lors d’une séquence dans l’espace dans laquelle sons, musiques et silences s’alternent. Cela renforce encore une fois le réalisme étant donné qu’il ne peut y avoir aucun son dans l’espace.


Un film qui n’atteint pas ses objectifs


Attaquons-nous au vif du sujet ! Pour moi, le véritable défaut du film est que les studios Pixar nous vendent un film, qui n’est pas celui que nous voyons finalement.

Pour commencer, tous les bons Pixar sont adaptés aux enfants, mais une double lecture seulement accessible aux adultes permet de faire en sorte que toute la famille passe un bon moment. Buzz L’Eclair a un véritable problème de public. On pourrait facilement trouver le film trop enfantin avec son intrigue peu recherchée et sa double lecture très peu subtile, voire inexistante. Les adultes s’ennuient devant ce film. Mais on ne peut pas dire que le film soit parfaitement adapté aux enfants. En effet, je trouve l’ambiance et surtout l’antagoniste effrayants. Le héros est confronté à des situations difficiles et fait parfois des choix dont les enfants ne comprennent pas toujours la raison. Certains personnages sont assez complexes et ont plusieurs facettes, ce que les enfants ne comprennent pas toujours. De plus, l’humour parfois employé, qui tire presque sur le grivois, n’est pas toujours adapté aux plus jeunes. Le film ne trouve pas son public, ce qui fait qu’il est très difficile de l’apprécier.

Ensuite, on peut relever un problème plus chronologique. Ce film est censé avoir été créé avant 1995, date à laquelle Andy a reçu le jouet. Or, le film ne parait pas du tout sortir de cette époque. Aucun travail n’a été fait sur les effets spéciaux, ni vraiment sur le style pour rendre le film vintage. De plus, on peut trouver des personnages LGBT+ dans le film. Je salue l’initiative des studios d’insérer l’homosexualité dans leurs films de manière aussi naturelle, mais c’est loin de ressembler à ce qui se faisait dans les années 90. Dans le cadre de ce film, cela constitue presque une incohérence à mes yeux. Je comprends que certaines choses, qui étaient acceptées dans les années 90 au cinéma, ne sont plus du tout acceptées de la même façon aujourd’hui, et qu’il est donc essentiel de faire des films modernes. Mais, dans ce cas, pourquoi essayer de faire un film tout droit sorti des années 90. Pour moi, rien que le postulat de départ du film était une erreur et ce projet n’aurait jamais dû voir le jour.

Enfin, Buzz L’Eclair est censé être le film préféré d’Andy, mais le film ne correspond pas au film préféré d’un enfant de 7 ans. Le protagoniste n’est pas à l’image des grands héros, il est plus creusé, moins caricatural qu’un Superman par exemple. Et le film peut s’avérer être assez effrayant, violent et même éprouvant par moments. J’ai du mal à me dire qu’il s’agit réellement du film préféré d’Andy.


Et c’est ici que j’achèverai cette partie sans spoilers. Comme vous avez pu le constater je n’ai pas apprécié ce film, surtout du fait de son manque d’originalité. Il aurait pu sortir directement sur Disney+, cela n’aurait pas été du gâchis, contrairement à d’autres films. C’est dommage car la franchise Toy Story était pourtant tellement qualitative jusqu’alors. On sent que le film n’a été produit que pour faire de l’argent et n’apporte rien à l'univers.


 

Partie AVEC spoilers


Les deux Buzz


Dans cette partie avec spoilers, je voudrais d’abord évoquer la véritable identité de l’antagoniste qui n’est autre que… le protagoniste lui-même. Je trouve cet affrontement plutôt original (enfin !) mais quelque peu incohérent. On nous apprenait dans Toy Story 2 que Zurg était le père de Buzz ; ce dernier y fait d’ailleurs référence en appelant Zurg « papa » la première fois qu’il le voit sortir du robot. Or, le fait qu’il ne soit finalement pas le père de Buzz mais bien une version plus âgée de lui-même va à l’encontre de ce que proposait Toy Story 2, et ne fait qu’accentuer le problème de public du film. Cela apporte une complexité supplémentaire au personnage ainsi qu’à l’intrigue, qui est difficile à saisir pour un enfant. Et quel enfant serait particulièrement fan d’un héros qui est en même temps son propre ennemi. Cela aurait pu être une bonne idée, d’autant plus que la ressemblance entre les noms Buzz et Zurg, évoquée dans le film, accentue les similitudes entre les deux personnages. Mais pour cela, il n’aurait pas fallu faire un film censé être principalement à destination des enfants comme Andy. Et encore, je ne parle pas du plan diabolique du méchant Buzz qui veut utiliser le voyage dans le temps pour améliorer sa condition. Je dois avouer que je commence à totalement me lasser de la thématique du voyage, ou du moins de la manipulation du temps, que je trouve surutilisée, tant sur grand que sur petit écran.

Je tiens tout de même à saluer l’évolution de Buzz. Ce dernier se montre d’abord hostile à toute nouveauté, que ce soit au niveau des nouvelles recrues, ou des nouvelles technologies. Mais il parvient finalement à accepter et à voir la nécessité d’évoluer et de ne pas avoir peur du changement. Cette évolution peut tout à fait être mise en parallèle avec celle de Woody dans le premier Toy Story, puisque ce dernier se méfie d’abord de Buzz, qui représente la nouveauté dans tous ces aspects. En effet, il s’agit du jouet le plus récent d’Andy, et est inspiré d’une toute nouvelle mode : celle du voyage dans l’espace, qui a complètement supplanté celle des cowboys et du Far-West. Mais Woody finit par comprendre que le nouveau et l’ancien peuvent tout à fait cohabiter, et que c’est de ce mélange que naissent les plus belles choses.


Tout ça pour ça ! (phrase prononcée par tous ceux étant restés jusqu’à la fin du générique pour voir les trois scènes post-génériques de Buzz L’Eclair)


Je clôturerai cet article avec les toutes dernières scènes proposées par Buzz L’Eclair qui sont les scènes post-génériques. D’abord, les deux premières sont humoristiques… mais ne servent à rien et leur qualité laisse à désirer. Et la dernière, qui n’apparait qu’après le logo Pixar, ce qui ne fait qu’encourager le public à ne pas rester pour la regarder, se veut importante et annonciatrice d’une suite. Tout ce que j’espère, c’est qu’une suite ne verra jamais le jour car même ce film-ci n’aurait jamais dû exister. Alors je ne peux pas supporter d’imaginer ce que serait un Buzz L’Eclair 2 au rabais…

Je n’ai rien contre les scènes post-génériques, lorsque celles-ci sont utilisées à bon escient. Dans les films Marvel, par exemple, certaines sont humoristiques, mais celles-ci sont souvent à la toute fin du générique, et d’autres donnent un aperçu des films à venir… mais ces films sont déjà confirmés et souvent en production. Pour ce qui est de Buzz L’Eclair, je doute que Pixar ait déjà envisagé un sequel. En revanche, j’aurais trouvé sympathique de retrouver les petits aliens verts de Toy Story, puisque ces deniers, bien que faisant partie de l’univers du personnage de Buzz L’Eclair, n’apparaissent à aucun moment du film. Vous l’aurez compris, il n’est absolument pas nécessaire de rester après le début du générique pour voir les scènes post-génériques


Quel film ! Je crois que je n’ai jamais écrit de critique aussi assassine depuis le début de ce blog. Je le déplore car j’aurais vraiment aimé avoir apprécié le film. Tout ce que j’espère, c’est que le prochain long-métrage Pixar, Elemental en anglais, relèvera le niveau du studio.

bottom of page