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Critique de Priscilla : un biopic captivant qui met en lumière la vie d'une femme dans l'ombre

  • Photo du rédacteur: Mathilde
    Mathilde
  • il y a 3 heures
  • 3 min de lecture

Cette critique peut contenir quelques spoilers. Toutefois, puisque le film est basé sur une histoire vraie, je ne révèle rien que la presse internationale n’ait déjà couvert il y a quelques décennies.

Affiche du film Priscilla de Sofia Coppola. Les deux protagonistes Elvis et Priscilla s'embrassent dans un plan rapproché. Le titre est écrit en bleu en haut de l'affiche.
Image sous licence Creative Commons CC BY-NC 4.0 - Auteur : Printerval - Lien vers l'image : https://printerval.com/ca/priscilla-movie-poster-room-decor-priscilla-2023-poster-p597579?spid=156738625

J’ai récemment regardé le film Priscilla de Sofia Coppola, et cela faisait longtemps qu’un film ne m’avais pas autant marquée, saisie, et j’irai même jusqu’à dire bouleversée. Depuis sa sortie, ce film m’intriguait, puisque j’avais entendu parler du biopic Elvis, sur Elvis Presley, sorti en 2022. Consacrer un film basé sur les mémoires de sa femme, et le sortir en salle seulement quelques mois après, ne me semblait pas anodin. J’ai eu l’occasion de voir Elvis il y a quelques mois et j’ai trouvé extrêmement intéressant le fait de découvrir, dans Priscilla, l’envers du glamour de la vie d’Elvis tel que montré dans le biopic éponyme. Cependant, si Priscilla m’a autant marqué, ce n’est pas parce que le film se concentre sur la vie de la femme d’une célébrité, mais bien parce qu’il dépeint une histoire presque universelle d’émancipation féminine.


Sofia Coppola : la réalisatrice parfaite pour une œuvre sur l'émancipation féminine


Le style de la réalisatrice Sofia Coppola est particulièrement pertinent à l’ambiance générale du film. La cinéaste excelle en effet dans l’art de raconter l’ennui. C’est d’ailleurs ce qui m’avait dérangé lors de mon visionnage de Virgin Suicides, premier film de Sofia Coppola que j’ai découvert. Mais j’ai davantage été happée par l’histoire de Priscilla, peut-être parce qu’on la voit faire le choix d’une vie qu’elle pensait être plus palpitante, pour finalement se retrouver coincée dans une relation d’emprise. On comprend ce qui motive ses choix, même si on ne les approuve pas toujours. On s’attache à elle, et on ne peut qu’être heureux face au dénouement du film, qui comporte une lueur d’espoir, qui manque à Virgin Suicides. Priscilla m’a réellement donné envie de visionner plus de films de Sofia Coppola.

Sofia Coppola a également à cœur de parler de l’adolescence et du passage à l’âge adulte. Cette thématique se ressent également grandement dans Priscilla. Puisque la protagoniste rencontre Elvis alors qu’elle n’a que 14 ans et lui 24, elle se sent obligé de grandir plus vite, de paraitre plus vieille, plus mature, que ce soit dans ses vêtements, ou dans la prise de drogues. Mais si son jeune âge est un obstacle pour Priscilla, comme en témoigne l’ambiance pesante des scènes dans lesquelles elle est au lycée, c’est précisément ce que semble apprécier Elvis. Il peut ainsi la manipuler à sa guise, exiger qu’elle reste à la maison pour qu’elle puisse répondre à chacun de ses appels, avoir la mainmise sur ses vêtements, sa coiffure, son maquillage, et même contrôler sa vie sexuelle, sans jamais prendre en compte son avis. Ce film fait ressortir un aspect pédophile du king, image bien éloignée des représentations traditionnelles du célèbre chanteur.


Une relation passionnée mais surtout asymétrique et nocive


La relation de domination d’Elvis sur Priscilla se construit tout au long du film, mais des signes sont déjà présents dès le début. Le fait d’avoir sélectionné un acteur très grand pour incarner Elvis annonce la place que ce dernier va prendre dans la vie de Priscilla, mais aussi à quel point elle va se retrouver assujettie à lui. Mais leur relation peut d’abord sembler relativement saine. S’ensuit alors les absences pesantes d’Elvis, dont la seule présence se manifeste à travers des disques et des magazines, comme pour signifier son omniprésence malgré son absence. Puis l’emprise semble totalement se renfermer lorsque Priscilla se laisse dicter ses moindres faits et gestes et pardonne tous ses faux pas, y compris lorsqu’il use de violence physique contre elle.

Finalement, Priscilla se termine par l’émancipation de la protagoniste, qui parvient à s’extraire de sa relation toxique. La toute dernière scène du film a d’ailleurs une mise en scène parfaitement maîtrisée, qui fait ressentir au spectateur toute l’intensité de ce moment dans la vie du personnage. En effet, le film comporte de nombreux plans dans lesquels Elvis quitte Graceland en voiture, ou dans lesquels Elvis et Priscilla sortent en voiture, alors qu’un chauffeur les conduit. Mais la caméra filme toujours ces scènes depuis l’intérieur de la propriété, comme pour montrer que Priscilla ne sort jamais vraiment. Lors de la dernière scène Sofia Coppola prend le parti de filmer la scène depuis l’intérieur de la voiture, alors que Priscilla conduit et franchit elle-même les grilles de sa prison.

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