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Critique de Cruella : un film déjanté pour un retour haut en couleur de Disney au cinéma

Dernière mise à jour : 21 oct. 2021


Logo Cruella film 2021 fourrure dalmatien
© Disney

Salut à vous, les cinéphiles ! Pour ce tout premier article de blog, je vais vous donner mon avis sur le dernier Disney sorti à ce jour, et le premier à sortir au cinéma depuis un long moment : Cruella.


Avant de commencer cette critique, je pense que quelques mises au point s’imposent : dans cet article, je vous présenterai mon avis, mon opinion personnelle sur ce film ; je ne prétends pas avoir la science infuse ni présenter la critique la plus objective qui soit. Si vous avez un avis différent du mien et que vous souhaitez le défendre en argumentant, pourquoi ne pas me rejoindre sur mon Instagram où nous pourrons en discuter plus longuement. Cette critique comprendra deux parties : une sans spoilers et une avec spoilers.


Partie sans spoilers


Estella contre Cruella


Comme son titre l’indique, ce film nous raconte l’histoire de la célèbre méchante Disney Cruella, présentée sous un nouveau jour. Nous suivons les aventures d’Estella, voleuse professionnelle, qui cherche à travailler dans le monde de la mode, et à s’y faire un nom. Un jour, La Baronne, véritable icône de la haute couture, remarque ses idées novatrices et décalées et décide de l’engager. Mais Estella, sous ses allures de gentille et discrète jeune fille, cache une deuxième personnalité, comme un double maléfique : l’anticonformiste Cruella. Prendra-t-elle le dessus sur Estella ? A quel prix ?


Une originalité bénéfique ?


Je ne ferai pas durer le suspense plus longtemps quant à mon avis général sur ce film : je l’ai adoré ! Cela faisait longtemps que Disney n’avait pas véritablement osé quelque chose de novateur, de décalé, ce qui donnait des films d’une platitude assommante (coucou Raya !). Pourtant dans la lignée des fameux remakes live-action, qui font polémique auprès des fans depuis de nombreuses années, Cruella a su totalement réinventer l’univers des 101 dalmatiens, qui avait déjà eu droit à un remake en 1996 suivi d’un second film quelques années plus tard. Le long métrage de 2021 a su rester fidèle au dessin animé d’origine à travers de nombreuses références (que je listerai probablement lors d’un prochain article).

Se déroulant cette fois au beau milieu des années 1970, mais toujours à Londres, le film nous montre toute la back story de Cruella, rendant la méchante plus humaine que jamais, à la manière de Maléfique, sorti en 2014. On peut aussi faire le parallèle entre Cruella et le personnage d’Harley Queen : on nous présente un personnage fou à lier et haut en couleur, tout comme la fameuse méchante DC. Cette originalité poussée à l’extrême pourrait en déranger certains mais, de la part d’une fan de l’univers farfelu d’Alice au pays des merveilles, je trouve que le côté décalé donne toute sa puissance au film et est un gros point fort.


Call Me Cruella


Un autre point qui rend ce film si génial : sa bande originale. L’intrigue dans les années 70 à Londres oblige, le style punk rock anglais est omniprésent, que ce soit dans les tenues ou dans la musique. Il ne s’agit d’ailleurs pas de n’importe quelle musique ; on retrouve les plus fameux artistes de cette période dont, Ike et Tina Turner, Queen et The Clash. Déjà dévoilée avant la sortie du film, on pouvait s’attendre à une BO mémorable ; mais les musiques ne se contentent pas d’être extraordinaires en elles-mêmes, elles sont aussi très bien incorporées au film et à l’histoire, accentuant avec brio les passages dans lesquelles elles apparaissent. Je dois vous avouer que je l'ai déjà écouté au moins 10 fois depuis que je suis sortie de la salle de cinéma…

Petite mention spéciale à la chanson Call me Cruella de Florence + The Machine, écrite spécialement pour le film. Je trouve qu’elle cerne parfaitement le personnage de Cruella tel que dépeint dans le film. L’interprète Florence Welch s’exprime d’ailleurs à son sujet dans cet article : https://lecanalauditif.ca/chansons/florence-machine-call-me-cruella/.


Des costumes éblouissants


Il est très rare que je remarque les costumes d’un film mais je me suis retrouvée en admiration devant les tenues toujours plus flamboyantes et innovatrices de Cruella. Que ce soient les robes portées par le personnage de Cruella, ou les autres tenues crées par Estella, le niveau de détail est poussé à l’extrême et chaque robe est unique mais toutes sont extraordinaires. La mode étant un élément central du film, il est normal qu’un effort ait été fait vis-à-vis des tenues mais, en les voyant, on sent vraiment tout le travail de recherche et de créativité mis en œuvre par l’équipe du film. Les tenues permettent également de marquer le contraste entre Estella, discrète et conformiste, et Cruella, beaucoup plus excentrique et tape-à-l’œil. Encore une fois, le contexte historique joue beaucoup et le style punk rock est mis à l’honneur.

Même s’il y a énormément d’autres éléments magnifiques dans ce film, comme les décors ou la réalisation (chapeau bas au réalisateur de la scène de présentation du magasin Liberty), je pense que les costumes en eux-mêmes constituent la beauté visuelle du film. Je trouverai incompréhensible qu'il ne soit pas, au moins nominé, aux Oscars de la meilleure création de costumes.


On ne devine pas la fin à l’avance


Ce qui m’a marquée en sortant du cinéma, c’est la complexité du scénario. On ne s’attend pas vraiment à cela en allant voir un Disney. Ce film est beaucoup plus adulte qu’il n’y parait, que ce soit au niveau du langage, qui peut être grossier à certains moments (mais rien de bien méchant en comparaison des Disney des années 80, comme Oliver et Cie), ou de l’histoire.

On ne devine pas la fin à l’avance. Beaucoup de mystères subsistent jusqu’aux révélations finales que j’ai réellement trouvées inattendues, sans pour autant, tomber comme un cheveu sur la soupe, ou être complètement folles ou encore tirées par les cheveux. A la fin, j’ai vraiment eu l’impression que tout faisait sens. L’intrigue est très bien ficelée. En le découvrant, j’ai été agréablement surprise. Je m’attendais à voir un film assez simple, focalisé sur la beauté visuelle or il s’est avéré que cette dernière ainsi que la complexité et la cohérence de l'intrigue se sont retrouvés sur un pied d'égalité.

Seul petit bémol de ce qui, pour moi, constitue le plus gros point fort du film : il n’est pas réellement tout public. On ne peut pas emmener un enfant de 4 ou 5 ans voir Cruella en espérant qu’il passe un aussi bon moment que nous. L’intrigue est assez difficile à suivre pour un jeune et il est fort probable qu’il passe son temps à vous poser des questions. Cependant, pour un fan Disney, ce film est une pépite et probablement le film le plus adulte sorti par les studios aux grandes oreilles à ce jour.


Partie avec spoilers !


Une intrigue difficile à situer


Ce qui peut être à la fois intriguant et perturbant avec l’intrigue de Cruella, c’est qu’on ne sait pas réellement où se situe l’histoire par rapport aux 101 dalmatiens. Il est possible que ce soit simplement un préquel et que, par la suite, Cruella devienne la fan incontestée de fourrures qui n’hésite pas à enlever et à tuer des bébés dalmatiens.

Pour ma part, je pencherai plutôt vers une autre explication. Je pense que Cruella se déroulerait dans un univers parallèle aux 101 dalmatiens, comme dans une version alternative. À la manière du film Maléfique, dans lequel on voit l’évolution de Maléfique jusqu’à la scène fatidique du baptême, mais aussi la suite des événements, modifiée par rapport au dessin animé d’origine, j’ai tendance à penser que Cruella n’est pas directement relié à son film d'origine. J’ai du mal à me dire que la Cruella déjantée, mais bien dans sa peau, que l’on laisse à la fin du long métrage puisse se transformer en monstre tueur de chiot.

Malheureusement, l’annonce d’un deuxième volet, ainsi que la scène post-générique, auront tendance à prouver le contraire. Dans cette scène, on retrouve Roger se concentrant sur sa musique, devenant ainsi plus fidèle à sa version animée, et Anita, recevant tout deux leurs dalmatiens. En voyant cela, on peut facilement rattacher l’intrigue à celle des 101 dalmatiens.

La suite pourrait donc, soit montrer comment Cruella passe d’anti-héroïne attachante à tueuse de chiots, soit être un « vrai » remake des 101 dalmatiens. Dans un cas comme dans l’autre, je trouve que la fin du film, même avec la scène post générique, se suffisait à elle seule et que faire une suite serait simplement commercial et peut être même nocif à l’intrigue et à l’univers.


Emma et Emma, une rivalité parfaitement incarnée à l’écran


Avec Emma Stone dans le rôle-titre et Emma Thompson dans le rôle de l’antagoniste, Cruella réussi à nous livrer un duo aussi épique que bien joué. On ne s’attendait pas à moins de la part de la grande Emma Thompson, qui dans ce film, est aussi froide qu'autoritaire. En revanche, en ce qui concerne Emma Stone, j’ai réellement été bluffée par son jeu. Elle est aussi crédible en Estella qu’en Cruella, ce qui n’est pas une mince affaire considérant l’écart entre les deux rôles, tout en restant cohérente avec l’évolution du personnage. Les duos Cruella/Baronne et Estella/Baronne restent tout deux extrêmement crédible. On parvient à saisir tous les sentiments liés à leur rivalité, de l’admiration à la jalousie, en passant par la haine et la colère. L’évolution des deux personnages à travers l’histoire se ressent vraiment dans le jeu des actrices. Rien à redire sur cette performance tout bonnement incroyable.


C’est normal de ne pas être normal


Soulevant encore une fois la question de normalité, j’ai trouvé la morale de Cruella très percutante et évoquée d’une manière novatrice. Le film nous montre qu’être comme la société nous le demande n’est pas forcément une bonne chose, et ne rend pas forcément heureux. Il faut rester fidèle à soi-même et s’accepter, s’écouter.

Sur ce point, je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec le film Joker, de 2019, dans lequel le personnage de Arthur Fleck, que l’on peut comparer à Estella, vit conformément à ce qu’attend la société de lui, il se fait discret, mais vit une vie misérable, se fait harceler, personne ne le respecte. Quand il devient Joker, que l’on peut comparer à Cruella, il s'émancipe de toutes ces normes sociétales et devient enfin heureux, épanoui, lui-même.

Je tiens également à souligner la présence du personnage de Artie, première représentation vraiment explicite et mise en avant d’un personnage de la communauté LGBT+ dans une production Disney. En effet, Artie est queer. Même si, ces dernières années, l’inclusion de personnages LGBT+ dans les Disney s’est quelque peu améliorée, notamment avec le court métrage Pixar Out, ou la série Marvel Loki, mettre un tel personnage, dans une telle production n’avait encore jamais été fait.

J’ai particulièrement aimé le passage dans lequel il rencontre Cruella. Elle le complimente sur son style et sa boutique et lui demande si les gens l’acceptent tel qu’il est ou non. Il lui répond qu’il se fait régulièrement insulter mais que, pour lui, la pire insulte serait de se faire traiter de « normal ». J’ai beaucoup aimé cette réponse car, selon moi, c’est exactement ce que Cruella avait besoin d’entendre. Je pense qu’il était vraiment pertinent de faire apparaitre un personnage de la communauté LGBT+, qui s’assume, dans ce film car cela apporte beaucoup à Cruella et aide à transmettre un message d’amour et d’acceptation de soi, particulièrement propice au personnage.



Conclusion : Faut-il aller voir Cruella au cinéma ?


Après cette élogieuse critique, je pense que ma réponse coule de source : foncez ! Ce film est un véritable chef d’œuvre, tant au niveau du visuel, que de l’intrigue, que du message délivré, que du jeu d’acteur, que de la musique. Malgré son côté décalé, Cruella est aussi attachante que les dalmatiens de son dessin animé d’origine. Si vous aimez les adaptations en live-action des classiques Disney qui diffèrent de l’œuvre d’origine, si vous avez aimé Maléfique, ce film est fait pour vous. Réfléchissez-y à deux fois avant d’emmener avec vous des jeunes enfants mais en tant qu’adulte, foncez !

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