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Critique de Wish : un hommage à la hauteur de 100 ans d’histoire ?


Salut à vous, les cinéphiles ! Après de nombreux mois d’absence durant lesquels j’ai, à mon grand regret, déserté les salles de cinéma pour me consacrer pleinement à mes études, je suis de retour avec une critique de film. En effet, dans cet article, je vais vous parler de Wish : Asha et la Bonne Etoile, sorti le 29 novembre dans les salles françaises. J’avais extrêmement hâte d’aller le voir puisqu’il s’agit non seulement du dernier film d’animation Disney à être sorti au cinéma, mais aussi puisqu’il sort l’année des 100 ans de la Walt Disney Company, argument ayant grandement contribué à la campagne marketing du film.

En un sens, ce film avait donc à respecter un double cahier des charges. D’une part, puisqu’il s’agit DU film des 100 ans de Disney, il fallait qu’il soit comme un condensé, un résumé de 100 ans d’histoire, 100 ans d’histoire très hétéroclite. Néanmoins, pour être un bon film hommage, le film devait avant tout être un bon film, qui parvienne à exister par lui-même, dans son individualité. Pour ma part, j’ai plutôt bien aimé ce film, et je trouve que, étant donné toutes les contraintes auxquelles il devait se plier, il s’en est plutôt bien sorti. Il combine plutôt bien ces deux aspects et, même s’il ne révolutionnera pas les studios, parvient à faire passer un agréable moment au spectateur. Faites un vœu et suivez-moi dans ma critique du dernier classique d’animation des studios Disney.

 

Un synopsis aux allures de déjà-vu ?

 

Asha vit dans la cité de Rosas, un royaume aux inspirations ibériques gouverné par un roi… peu modeste qui veille sur les vœux de ses sujets, en les leur prenant lors d’une cérémonie. Durant ces cérémonies très appréciées et attendues des habitants, ces derniers acceptent de confier leurs vœux au roi en espérant qu’il les réalisera un jour, et acceptent, en retour, de les oublier. Cela semble tout à fait convenir aux habitants de Rosas, mais le jour où Asha découvre que le roi Magnifico prévoit de ne jamais exaucer le vœu le son grand-père, elle décide de bouleverser cet ordre établi et se met en tête de tout faire pour récupérer ce vœu et le lui rendre. Avec l’aide de ses sept amis, de son chevreau de compagnie Valentino, ainsi que d’une… étoile, Asha se lance alors dans une quête, aux enjeux qui la dépassent.

 

Une structure narrative assez classique

 

On peut reprocher à ce film d’être assez prévisible, voire ennuyeux. Il est vrai qu’il ne réinvente rien au niveau de sa structure narrative. On suit un schéma habituel, mais qui a donc déjà fait ses preuves : le film commence par la présentation du cadre et des personnages (avec une chanson), puis on apprend que quelque chose va changer dans la vie de la protagoniste, viennent ensuite l’élément perturbateur et les péripéties, et enfin la résolution du problème.

Néanmoins, le film a beau suivre cette structure narrative simple mais efficace, j’ai tout de même trouvé qu’il avait un petit problème de rythme. J’ai en effet eu l’impression que le film ne se « lançait » pas. Le passage du premier au deuxième acte n’est pas vraiment clair, ce qui donne l’impression que le film ne « démarre » jamais vraiment. Pendant une conséquente partie du film, j’étais dans l’attente d’un important élément perturbateur qui lancerait vraiment les péripéties, parce qu’il se trouve que je ne l’avais pas perçu lorsqu’il s’était produit, preuve de son manque d’impact brutal sur l’intrigue. On arrive plus aisément à deviner le moment où commence le troisième acte, mais étant donné qu’on a eu l’impression que le film ne s’était jamais vraiment lancé, le spectateur peut se retrouver quelque peu désarçonné.

Toutefois, on ne peut pas non plus dire que l’on s’ennuie tout au long du film, d’autant plus que ce dernier ne dure qu’une heure et demie. De nombreux éléments viennent rythmer le film et font s’accrocher le spectateur.

 

Des chansons culte en devenir ?

 

Justement, selon moi, l’un de ces éléments qui font que le spectateur ne s’ennuie pas (trop) est la musique, et les chansons du film. Si les studios Disney ne sont tournés ni vers Lin-Manuel Miranda (Vaïana, Encanto), ni vers le couple Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez (La Reine des Neiges, La Reine des Neiges II), collaborateurs réguliers ayant signé les plus grands succès musicaux du studio ces dernières années, on retrouve tout de même des noms familiers au générique. David Metzger, compositeur ayant notamment participé à l’élaboration des chansons des films La Reine des Neiges, Tarzan, ou encore Vaïana, a été chargé de la composition des musiques de Wish, tandis que Julia Michaels (ayant déjà été crédité au générique de Ralph 2.0) et Benjamin Rice ont été chargés de l’écriture des paroles. On se retrouve alors avec des chansons qui correspondent à ce que Disney a l’habitude de produire.

On va en effet retrouver les « chansons-clichés » qu’on aime tant, comme la chanson qui va introduire l’univers dans lequel se déroule le film, la chanson durant laquelle l’héroïne va se confier sur ses désirs, mais aussi la fameuse chanson du méchant.

De manière générale, j’ai trouvé les chansons de Wish de qualité assez inégale. Si j’ai été conquise par la chanson "La promesse" et ai plutôt bien apprécié les chansons "Je fais le vœu" et "Ma récompense", j’ai été plus sceptique quant à d’autres titres comme "Tous des étoiles" et "Ce n’est plus mon roi".

Les airs des chansons sont plutôt entrainants, les chansons en elles-mêmes s’imbriquent bien dans l’histoire. En revanche, on peut aisément leur reprocher de ne pas être assez « universalistes ». Je m’explique : dans la majorité des films musicaux Disney, on peut retrouver au moins une chanson qui véhicule un message qui, au-delà de correspondre à la seule situation du personnage qui la chante, peut faire écho à des ressentis, à des expériences vécues par les spectateurs. On peut par exemple penser à "Libérée, délivrée", à "Partir là-bas", ou encore aux chansons chantées par les sœurs de Mirabel dans Encanto. Les chansons de Wish, elles, n’ont pas forcément de paroles très inspirantes qui seraient également valables dans d’autres contextes extérieurs à celui de l’histoire du film.

 

Des messages véhiculés chers à Disney

 

Même si ces messages ne se trouvent pas dans les chansons, ils sont bel et bien présents dans le film. En effet, on va retrouver dans Wish des valeurs et des morales qui ont déjà été évoquées dans d’autres films Disney, et qui tiennent à cœur au studio. Évidemment, le film s’intitulant Wish, il reprend la thématique classique de l’importance d’avoir des rêves, des souhaits et de tout faire pour les réaliser, thématique présente en un sens dès Blanche-Neige et les sept nains en 1937. Les valeurs de l’amitié et de la famille sont également au cœur du film.

 

Le film aux 1001 références

 

Vous l’avez sûrement vu passer avec les centaines d’articles sur le sujet publiés sur internet depuis la sortie du film : Wish regorge de références à d’autres œuvres des studios Disney. Film des 100 ans oblige, Wish se devait de rendre hommage à 100 ans d’histoire, et c’est exactement ce qu’il a fait, en reprenant les codes de ce qui a fait le succès des long-métrages d’animation Disney depuis près d’un siècle, mais aussi en insérant des références directes à ces long-métrages. Parmi celles-ci, on peut citer les amis de Asha, qui sont au nombre de sept, et dont certains ne sont pas sans rappeler les nains du célèbre film de 1937, mais aussi les personnages de Petit Jean, de Bambi et de Peter Pan, ou encore le fait qu’Asha s’adresse à une étoile pour que ses rêves se réalise, rappelant les films Pinocchio et La Princesse et la grenouille.

Avant d’aller voir le film au cinéma, je savais donc que le film allait contenir de nombreuses références, et je craignais que ces dernières soient trop nombreuses et gâchent mon visionnage. Toutefois, je n’ai pas trouvé qu’elles prenaient trop de place, je les ai au contraire trouvées bien dosées et j’ai hâte de revoir le film pour pouvoir en trouver davantage. J’ai perçu ces références comme des remerciements aux spectateurs d’avoir visionné et (plus ou moins) aimé tous ces films produits par Disney depuis 100 ans.

D’ailleurs, en parlant de références directes à d’autres films Disney, avez-vous remarqué que le magnifique générique reprenait les personnages des films d’animation Disney, de Blanche-Neige et les sept nains à Avalonia, l’étrange voyage ? Et êtes-vous resté jusqu’à la fin du générique pour voir la scène post-générique, elle aussi faisant référence à une autre œuvre du studio ?

 

Des personnages à la fois classiques et réinventés

 

Si dans la première partie de cet article, j’ai principalement évoqué les aspects « hommage » et peu originaux du film, je vais dans cette partie m’attarder sur un point plus ambigu, à savoir les personnages. En effet, j’ai trouvé que les personnages de Wish reprenaient pour la majorité des codes déjà bien ancrés chez Disney, mais se réinventaient aussi sur certains points.

Parmi les personnages qu’on a l’habitude de retrouver dans les œuvres du studio, on peut citer l’antagoniste égoïste, avide de pouvoir, qui a sa propre chanson, l’animal de compagnie naïf qui fait rire les plus jeunes spectateurs, un personnage au visuel marquant qui sert d’emblème au film, mais aussi la famille de la protagoniste qui est à la fois une motivation et un frein à son objectif. Certes, ces personnages ne sont pas des plus originaux, mais ils ont le mérite de bien fonctionner dans le film.

J’aimerais m’attarder un peu sur le personnage d’Asha, la protagoniste. Je craignais, avant d’aller voir le film, de retrouver une protagoniste à l’image de Raya, dans Raya et le dernier dragon, c’est-à-dire une protagoniste qui a un objectif mais qui est tellement fermée au monde et aux gens qui l’entourent qu’elle en devient antipathique. Mais au contraire, j’ai trouvé qu’Asha ressemblait bien plus à Mulan. C’est une héroïne, qui a un objectif et des motivations d’abord très personnelles, mais qui ensuite se rend compte que son combat la dépasse et que la cause qu’elle défend compte aussi beaucoup pour tout le royaume, et elle finit par se positionner en défenseuse de tout son peuple. Pour ma part, je me suis attachée à ce personnage.

En revanche, l’un des personnages est assez original et ne correspond à aucun stéréotype Disney : j’ai nommé le personnage de la reine. Si les films Disney ont vu défiler de nombreux rois maléfiques, et de nombreux rois aimants accompagnés de reines tout aussi douces, le personnage de la reine Amaya dans Wish est un mélange des deux. En effet, elle est aimante et tient à son peuple, mais elle est aussi mariée au roi Magnifico, qui est l’antagoniste du film. Je trouve que le personnage de la reine apporte vraiment quelque chose au film puisqu’il s’agit de la première fois que l’antagoniste n’est pas seul, ou tout du moins est accompagné par quelqu’un qui l’aime et avec qui il partage une relation amoureuse. J’ai trouvé ce personnage très intéressant, tant en lui-même que dans ses relations aux autres personnages, puisqu’il propose quelque chose de nouveau.

 

Des visuels uniques

 

Je pense que le point qui fera rester le film dans les mémoires est son identité visuelle. Le film mêle animation 2D traditionnelle et animation 3D plus moderne, comme pour combiner le meilleur des deux mondes en matière d’animation, et pour agir comme un ciment entre l’histoire ancienne et l’histoire moderne des studios Disney. Les décors, dessinés à la main, sont absolument magnifiques et font penser à des illustrations de livre pour enfant. En plus de son animation hors du commun, le film réussit à développer une identité visuelle qui lui est propre avec sa palette de couleurs dans les tons bleus, violets et marron, qui font ressortir le jaune de l’étoile, mais aussi le design des bâtiments du royaume, et notamment du château, qui a une esthétique assez reconnaissable. Le film est vraiment beau visuellement.

Néanmoins, je trouve tout de même qu’un élément aurait pu être plus soigné : j'ai nommé la robe d’Asha ! Je trouve en effet qu’elle manque de texture, de relief. Les détails du col et du bas de la robe ont l’air d’être simplement imprimés et non d’être fabriqué dans une matière différente comme cela doit supposément être le cas. De manière générale, je trouve que ce reproche peut être appliqué à toutes les tenues que portent les personnages dans le film.

Cependant, mis à part ce léger détail, le film a le mérite de se démarquer des autres récentes productions Disney et cette originalité est à encourager !

 

Un message politique qui sort de l’ordinaire

 

Je termine cet article en évoquant ce que j’ai préféré dans ce film : les enjeux politiques. L’une des raisons pour lesquelles je n’avais pas particulièrement apprécié Encanto, est que je trouvais que le film manquait d’enjeux. On reste enfermé dans une maison durant la majorité du film et les dangers encourus le sont par les membres de la famille Madrigal seuls. Au contraire, dans Wish, l’intrigue se déroule davantage à l’échelle du royaume, et des intrigues politiques se mêlent à la vie des personnages.

Wish est un film d’animation avec une vrai portée politique. Il dénonce et encourage à la lutte contre le despotisme, à la mobilisation et à la lucidité de la population contre l’injustice. Ce message plus politique comparé à ce qu’a l’habitude de proposer le studio aux grandes oreilles s’inscrit parfaitement dans la continuité des valeurs traditionnelles de Disney, qui encourage tout un chacun, à travers ses films, à croire en soi, en ses rêves, à tout faire pour les réaliser, et à ne laisser personne nous en dissuader, ou nous convaincre que certains rêves valent mieux que d’autres ou ont plus de chances de se réaliser. Le film est une ode à la liberté, liberté d’entreprendre, de créer, d’aimer, d’être heureux, de rêver.

 

Je trouve extrêmement dommage que ce film ne soit pas des plus triomphants au box-office, et reçoive autant de critiques négatives. A mon humble avis, étant donné son double cahier des charges et la lourde tâche qui repose sur ses épaules, le film est un relatif succès. Il parvient à la fois à rendre hommage à 100 ans d’histoire tout en réussissant à innover sur certains aspects, et à se créer sa propre identité. Même s’il ne révolutionnera pas le studio autant que certains films auxquels il rend hommage, Wish reste un film agréable, qui mérite d’être vu.

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