Critique Encanto : la fantastique famille Madrigal : vers la fin du 4e âge d’or ?
Dernière mise à jour : 19 mars 2022
Salut à vous, les cinéphiles ! Comme vous le savez sûrement si vous suivez mes articles, j’adore Disney. Il était donc indispensable qu’en ce mois de décembre 2021 je vous parle du nouveau « Disney de Noël » : Encanto : la fantastique famille Madrigal. Malheureusement, si ma joie était à son comble en entrant dans la salle de cinéma, c’est l’air déçu que j’en suis sortie. J’ai le regret de vous annoncer qu’avec leur 60ème Classique d’animation, les studios Disney ne se sont pas foulés. Malgré son ambiance très feel-good et colorée, j’ai trouvé le film moyen, manquant d’originalité. Même si j’ai su apprécier quelques points, dans l’ensemble je suis passée à côté de ce film, aux allures de déjà-vu.
Une famille hors du commun
Les Madrigal ne sont pas une famille ordinaire. Caché au cœur des montages en Colombie, ils vivent dans une maison enchantée et préservent le miracle qui leur a été donné. Chacun des membres de la famille Madrigal possède un don, tous… sauf une. Et malgré son absence de pouvoir, c’est Mirabel qui va devoir sauver sa maison et sa famille d’un terrible destin. Mais pour cela, elle doit trouver son rôle à jouer, sa place au sein d’une famille extraordinaire.
Un court métrage très moyen
Comme beaucoup de spectateurs, j’ai été surprise de voir un court-métrage avant la projection d’Encanto. Far from the tree (je ne me souviens plus du titre français) a donc précédé le 60e classique d’animation Disney. Réutilisant l’animation 2D, il nous raconte l’histoire d’un père raton laveur qui veut empêcher sa fille de découvrir le dangereux monde. Je n’ai personnellement pas du tout apprécié ce court-métrage. Je l’ai trouvé extrêmement enfantin, le message que la réalisatrice voulait nous faire passer manquait d’originalité. Ce n’est pas pour paraitre pessimiste mais cela commençait très mal.
Un Disney moderne
Depuis le début de cet article, je ne fais que dénigrer le film mais ce n’est pas pour autant que toutes les idées sont mauvaises, que tous les éléments sont à jeter. Ce film s’inscrit dans la continuité d’une volonté de modernisation et de diversification chez Disney. Beaucoup pourront se retrouver dans les personnages, moins stéréotypés, à commencer par la protagoniste d’Encanto : Mirabel Madrigal. La jeune fille porte des lunettes. Si ce n’est pas le premier personnage Disney à porter des lunettes, c’est néanmoins la première héroïne, protagoniste féminine, à en avoir. Elle est aussi un peu plus ronde que ses prédécesseurs. Mirabel est physiquement imparfaite mais cela ne la rend pas moins attachante pour autant. Au contraire, elle montre aux filles et femmes qu’il n’existe pas qu’un modèle de beauté. Sans vous spoiler, j’ai également beaucoup aimé son destin, ce qu’il lui arrive à la fin du film. C’était pour moi la meilleure chose à faire, il n’y aurait rien eu à faire de plus. Son cheminement jusqu’au dénouement est assez intéressant (même si la quête initiatique pour trouver sa place n’a pas grand-chose de novateur).
Le reste de la famille Madrigal est également plutôt attachant. On peut facilement se sentir proche de cette famille et reconnaitre en elle des membres de notre propre famille ou de notre entourage. La tante facilement stressée, la grande sœur hautaine ou encore la mère à l’écoute de ses enfants sont des modèles certes légèrement archétypaux mais aussi profondément proches de nous, vraiment humains. L’absence d’antagoniste prédéfini encourage également cette humanisation des personnages.
Même si le message principal du film est assez basique, il aborde aussi des thématiques moins communes comme le sentiment de n’être jamais assez bien, de n'être jamais à la hauteur de sa famille, de n’en faire jamais assez. Je pense qu’énormément de personnes peuvent se reconnaitre dans les deux sœurs de Mirabel. L’impression que le poids du monde repose sur nos épaules ou bien la volonté d’être autre chose que ce qu’on attend de nous n’a jamais été véritablement abordée au sein des studios Disney avant ce film. Je trouve que ces valeurs auraient dû prendre plus d’importance que les autres éléments rébarbatifs du film, proéminents mais décevants.
Un film sans ambition
Maintenant que j’ai légèrement nuancée mon avis, je vais enfin pouvoir vous parler de ce qui m’a vraiment marqué dans ce film : une constante impression de déjà-vu et un flagrant manque d’ambition.
Le film est loin d’être spectaculaire, on passe les trois quarts du temps à l’intérieur de la maison des Madrigal. Si belle soit elle, on voudrait un peu plus explorer les profondeurs de la Colombie, Colombie dont on ne fait aucune allusion dans le film. Même l’intrigue n’est pas spectaculaire, les enjeux ne sont pas phénoménaux. Ses valeurs les plus mises en avant, comme le fait de devoir trouver sa place, ont déjà été traitées à de nombreuses reprises ; et même la manière dont elles sont traitées n’est pas originale.
Il est vrai que, visuellement, c’est un beau film mais qui n’a aucune valeur ajoutée par rapport aux autres. L’animation est qualitative mais pas plus que d’autres films comme La reine des Neiges II ou Vaiana, la légende du bout du monde. On ne pouvait pas s’attendre à une animation moins poussée de la part de Disney mais celle-ci n’est en rien novatrice.
Je m’attendais également à mieux pour ce qui est des chansons. Le fait qu’il s’agisse d’une énième comédie musicale ne me dérange absolument pas mais l’écriture des chansons étant confiée à Lin-Manuel Miranda, le compositeur de la comédie musicale de Broadway Hamilton (comédie musicale que j’ai véritablement adorée, dont la version filmée est disponible sur Disney+), on pouvait s’attendre à du grandiose. Il avait déjà collaboré avec Disney sur le remake de Mary Poppins dont je n’avais pas trouvé les chansons particulièrement extraordinaires ou entêtantes. Néanmoins, avec Encanto, j’espérais quelque chose de beaucoup plus qualitatif. En écoutant la première chanson, que je n’avais franchement pas trouvé bonne, j’espérais qu’il s’agissait d’une seule mauvaise chanson. Puis est arrivée la seconde, puis la troisième, puis la quatrième et aucune ne m’a véritablement fait changer d’avis. La seule qui apporte quelque chose au film, qui fait ressentir un peu d’émotion est la chanson en espagnol Dos Oruguitas. Mais, encore une fois avec ce film, j’ai été déçue.
Néanmoins, rien ne m’a plus frappée que le rapprochement entre Encanto et Coco, des studios Pixar sorti en 2017. Je sais que ce film va souffrir de la comparaison et qu’il faut apprécier un film pour lui-même sans le comparer mais l’écart entre les deux films est trop faible et les différences tellement minimes. Les couleurs utilisées sont les mêmes, on retrouve la thématique omniprésente de la famille, la culture d’Amérique Latine. On croirait assister à une guerre entre concurrents, comme à l’époque du combat entre Pixar et Dreamworks, quand Pixar sortait 1001 pattes et que Dreamworks sortait Fourmiz. Mais les studios d’animation Disney et Pixar font partie de la même entreprise. Il est étrange de retrouver une telle proximité des intrigues, d’autant plus que Coco fait de l’ombre à Encanto. On pouvait s’attendre à ce que l’élève dépasse le maître, qu’Encanto soit d’une qualité supérieure à Coco, mais il s’avère que le film reste très moyen.
Vous l’aurez compris, ce film ne m’a pas marqué et est loin d’être mon préféré. Il reste néanmoins un bon divertissement mais Disney nous a habitués à tellement mieux. J’aurais vraiment aimé l'apprécier et pouvoir dire que les studios sont encore en plein dans leur 4e âge d’or mais ce n’est pas le cas. Ils peuvent faire face à un échec mais après en avoir enchainé deux, (je parle évidemment du film Raya et le dernier dragon que je n’ai franchement pas apprécié) il est difficile de considérer les studios d’animation autrement que dans un nouvel âge sombre.
Pour ne pas finir sur une note trop pessimiste, je dirais que ce retour à la simplicité, à des valeurs plus simples peut plaire à certains mais je m’attendais à plus d’originalité. Je ne déconseille pas totalement d’aller voir ce film mais n'ayez pas d'attentes trop hautes, vous seriez déçus.
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