Critique Pinocchio (2022) : remake audacieux ou copié/collé de l’original ?
Dernière mise à jour : 24 févr. 2023
Salut à vous, les cinéphiles ! Depuis une dizaine d’années, les studios Disney sortent énormément de remakes de leurs films plus anciens en live-action. Si certains sont plus qualitatifs et audacieux que d’autres, tous sont en général des succès, atteignant parfois le milliard de dollars au box-office, dépassant donc de très loin le film original. Et avec l’arrivée de la plateforme de streaming Disney+, certains sont sortis directement en ligne, sans passer par la case « cinéma ». Bien souvent, ces films sont d’une qualité bien moindre par rapport à ceux bénéficiant d’une sortie sur grand écran. Je pense notamment au remake de La Belle et le Clochard de 2019. Cependant, lorsque j’ai appris qu’un remake de Pinocchio était en développement avec un certain Robert Zemeckis à la réalisation, et Tom Hanks dans le rôle principal, j’ai été quelque peu intriguée et j’ai eu hâte que le film sorte pour voir si il était aussi qualitatif qu’un film sorti au cinéma. Finalement, j’ai plutôt bien aimé ce remake qui, même s’il ne restera pas éternellement dans les mémoires, a le mérite d’être divertissant et de nous faire revivre le féérique classique d’animation Disney de 1940. Mais s’agit-il pour autant d’un bon remake ? Laissez-moi vous partager mon avis sur l’envoûtant Pinocchio de Robert Zemeckis.
Un film visuellement réussi ?
L’objectif premier d’un remake en live-action est d’adopter un nouveau style visuel par rapport au film d’animation, notamment en lui insufflant plus de réalisme afin de le réinventer. Mais parfois, le photoréalisme fait perdre au film la magie Disney de l’original. J’ai eu cette impression avec le remake du Roi Lion (dans lequel on se croirait dans un documentaire animalier !). Je trouve Pinocchio plus audacieux que d’autres remakes, avec ses personnages qui conservent un aspect « cartoonesque ». Le design de Pinocchio, par exemple, est le même que dans le film d’animation, et les animaux du film, principalement Figaro le chat et Cléo le poisson, sont faits en images de synthèse pour paraitre mi-réaliste, mi-personnage animé. Néanmoins, j’ai été légèrement déçue de l’animation par ordinateur de ces personnages. L’incrustation de ces derniers aux côtés des véritables acteurs parait étonnamment peu naturelle. Cela m’a d’autant plus déçue que j’ai déjà vu Disney faire beaucoup mieux, notamment dans le remake de La Belle et la Bête, dans lequel tous les objets vivants paraissent parfaitement incrustés. Pourtant, Pinocchio a bénéficié du même budget. Toujours est-il que cette différence de qualité m’a quelque peu dérangée durant mon visionnage.
En revanche, grâce aux décors, et notamment à celui de la maison de Gepetto, avec ses nombreux détails, je me suis sentie tout de suite immergée dans l’univers. On se croirait presque dans l’attraction ou dans le restaurant Pinocchio de Disneyland. Ils sont visuellement magnifiques, et sans aucun doute à la hauteur du film d’animation.
Des nouveautés par rapport à l’original
Je ne suis pas forcément très fan des remakes en live-action qui se contentent de proposer le même film, la même histoire, les mêmes dialogues et les mêmes plans que l’original. Pour moi, un bon remake se doit de proposer des nouveautés par rapport au film original, que ce soit dans son intrigue ou encore dans les messages qu’il véhicule. De plus, un remake étant produit plusieurs décennies après son film original, il doit aussi apporter une bonne dose de modernité à ses personnages et à son univers afin de montrer au public que l’histoire racontée est intemporelle. Certains films, à l’instar de Alice au Pays des Merveilles, Dumbo ou encore Cruella l’ont parfaitement compris. En revanche, d’autres, beaucoup plus décevants, ne sont que de pâles copies du film original. J’avais hâte de voir si Pinocchio se situerait plutôt du côté des remakes originaux, ou des copiés/collés. Et il s’avère que, même s’il garde dans l’ensemble la même intrigue que l’original, il apporte son lot de nouveautés.
D’abord, le film approfondit le personnage de Gepetto en évoquant brièvement son passé au début du film. J’ai beaucoup aimé qu’on en apprenne plus sur ce personnage et sur ses motivations, car il est vrai que la plupart des personnages des films d’animation de l’époque du Pinocchio original sont souvent très caricaturaux, manichéens et peu creusés. J’ai apprécié le fait qu’il occupe une place plus importante dans le film, même si j’aurais aimé que son passé soit un peu plus exploité ; finalement, on n’en parle qu’au début du film, et c’est bien dommage.
Ensuite, le film introduit un nouveau personnage (techniquement, il y en a deux mais je ne compte pas la mouette !) que l’on rencontre alors que Pinocchio travaille pour Stromboli. J’ai trouvé ce personnage plutôt sympathique, probablement la seule personne gentille que Pinocchio va rencontrer au cours de ses aventures. De plus, ce personnage modernise véritablement le film par rapport à celui de 1940 étant donné qu’il s’agit d’une femme (le seul personnage féminin du film mis à part la fée bleue) qui de plus a un handicap. En parlant de la fée bleue, elle aussi apporte un vent de modernité au film étant donné qu’elle est incarnée par l’actrice Cynthia Erivo, qui est afro-américaine. Depuis quelques années, on sent la volonté de Disney de diversifier et de moderniser ses personnages afin que chacun se sente représenté, et Pinocchio ne fait pas exception.
De même, le film délivre un très beau message de tolérance et d’acceptation de soi, poursuivant la volonté de Disney d'ajouter de la diversité à ses personnages. Pinocchio nous montre que nous n’avons pas à changer pour les personnes que nous aimons, qu’elles devraient nous aimer et nous accepter pour ce que nous sommes. J’ai vraiment adoré le fait qu’un tel message ait été ajouté au film, d’autant plus que je ne m’y attendais pas du tout. Et cette dimension nouvelle apportée par le remake modifie considérablement un événement qui se déroule vers la fin du film, dont je ne peux pas parler sans risquer de vous spoiler. J’ai beaucoup aimé cette modification, ainsi que tout le troisième acte du film de manière générale, malgré quelques facilités scénaristiques.
Enfin, je voudrais parler d’une dernière petite nouveauté du remake par rapport au film original qui, même si elle ne révolutionne pas le film, a le mérite d’être vraiment sympathique : le film comporte de nombreuses références aux autres films Disney et Pixar. Je vous laisse la surprise de découvrir par vous-mêmes quelles formes prennent ces références mais ne vous en faites pas, elles sont loin de passer inaperçues. Cela apporte une petite touche d’humour et il est vraiment amusant de les rechercher et de les reconnaitre.
Un film qui aurait mérité une sortie au cinéma ?
Avec des noms comme Robert Zemeckis à la réalisation, Tom Hanks dans le rôle principal et Alan Silvestri comme compositeur, on aurait pu croire que Pinocchio allait sortir au cinéma et serait un succès, au lieu de rester une exclusivité Disney +. Il est clair que Disney joue sur la notoriété des acteurs et du réalisateur pour faire la promotion de Pinocchio. Mais si cet argument est très largement utilisé pour encourager le public à se rendre dans les salles de cinéma, Pinocchio a-t-il vraiment l’ampleur d’un film en grand écran ? Auparavant, les productions réservées au petit écran bénéficiaient bien souvent d’un budget infiniment moindre à celui des grandes productions hollywoodiennes. Mais, avec l’ascension du streaming, ces productions sont devenues de plus en plus ambitieuses, égalant même certains blockbusters. Je pense notamment au récent film The Gray Man, sorti exclusivement sur Netflix, mais bénéficiant d’un casting cinq étoiles, et même d’une bande-annonce diffusée au cinéma. C’est pourquoi je me suis vraiment demandée si Pinocchio allait égaler les autres remakes sortis au cinéma. Et je dois avouer être assez mitigée sur cette question. Certes, les grands noms et le logo Disney aurait forcément attiré les foules dans les salles obscures mais le film reste toutefois assez modeste et sans grande prétention. J’ai déjà évoqué ce point dans une précédente partie mais les effets spéciaux et images de synthèse restent relativement bas de gamme (pour du Disney en tout cas), ce qui me force à reconnaitre que Disney a mis moins de moyens dans ce film que dans d'autres, destinés à une sortie au cinéma. Le film a un budget deux fois moins élevé que le remake de Mulan qui était prévu pour sortir au cinéma, bien qu' à cause de la crise sanitaire, il soit finalement sorti en streaming. Même dans son intrigue et dans son ambiance, le film n’a pas vocation à révolutionner les studios Disney. Dans ce sens, je comprends donc que le film ne soit disponible que sur Disney +. Néanmoins, certaines scènes, vraiment magiques et magnifiques, auraient mérité d’être visionnées sur grand écran. Mais la sortie exclusive en streaming du film n’est pas une aussi grande perte que celle à laquelle je m’attendais.
Alors, Pinocchio est-elle une adaptation dans le haut ou dans le bas du panier ? Finalement, je dirais qu’elle se situe plutôt au milieu. Elle ressemble, je trouve, au remake de La Belle et la Bête avec sa ribambelle d’acteurs connus et son ambiance visuelle assez féérique. Les deux films sont assez similaires à leurs films d’origine mais rajoutent quelques éléments nouveaux. Sur ce point, je trouve néanmoins Pinocchio meilleur car il est plus audacieux et s’éloigne plus de son film d’origine. Pour conclure, je vous conseille de regarder le remake en live-action de Pinocchio qui, même s’il est loin d’être le film de l’année, vous fera passer une soirée bien sympathique, magique et nostalgique.