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Critique Un joyeux non-anniversaire : un Twisted Tale pas comme les autres ?

Dernière mise à jour : 27 nov. 2021


Twisted Tale Alice au Pays des Merveilles Un joyeux non anniversaire figurine funko pop lapin blanc

Bonjour à tous, les lecteurs ! Dans ce nouvel article, je vais vous donner mon avis sur le (plus si nouveau que ça) Twisted Tale d’Alice au Pays des Merveilles : Un joyeux non-anniversaire. Etant une grande fan de cet univers ainsi que de la collection de livres, j’attendais cette nouvelle histoire avec impatience ; je l’ai même achetée le jour de sa sortie. Sautez donc dans le terrier du Lapin Blanc et rendez-vous au Pays des Merveilles pour savoir ce que j’ai pensé de ce nouveau Twisted Tale, assez particulier.


Qu’est-ce qu’un Twisted Tale ?


Pour celles et ceux qui ne connaissent pas cette collection, les Twisted Tale sont des livres édités par Hachette Heroes depuis 2015. Leur principe : modifier un détail dans l’intrigue des plus célèbres dessins animés Disney, afin de modifier le reste de l’histoire, et de redonner encore plus de fil à retordre aux héros. Ce twist peut avoir lieu au début de l’histoire, au milieu, à la fin, et même avant que l’histoire ne commence, ce qui donne lieu à un univers complètement différent du dessin animé d’origine. Depuis leurs débuts, plusieurs autrices se sont succédées à l’écriture ce ces romans : Liz Braswell, Jen Calonita et Elizabeth Lim. La collection comporte actuellement 11 livres, le 12ème, sur Raiponce, n’étant encore sorti nulle part à l’heure où j’écris ces lignes.

Ce que j’apprécie vraiment dans cette collection, ce n’est pas forcément de voir comment les héros vont s’en sortir avec ce nouveau twist, mais toute la profondeur et la modernité qui est ajouté aux personnages, aux enjeux, et à l’intrigue. Etant plus récent que les dessins animés d’origine, les Twisted Tales profitent d’une nouvelle histoire pour faire évoluer les personnages différemment, afin qu’ils se modernisent, grandissent, et vivent des aventures plus adaptées au public young adult actuel. Les princesses s’endurcissent, la politique se mêle aux enjeux, et les happy ends sont souvent bien différentes de ce que nous nous imaginons…


Entre les Alice au Pays des Merveilles de 1951 et de 2010


Et si Alice était très, très en retard pour sauver le Pays des Merveilles ? Tel est le twist de ce nouveau Twisted Tale. Contrairement aux autres livres de la collection que j’ai lus jusque-là, le twist est assez particulier car il a un impact, non pas sur ce qu’a vécu Alice dans le dessin animé d’origine, mais sur ce qui va se passer après. Le livre nous raconte donc la suite des aventures d’Alice. Elle est bien allée au Pays des Merveilles et s’est réveillée sous un arbre, sans aucun changement par rapport au dessin animé et le roman nous conte des aventures qui lui sont arrivées des années plus tard.

C’est pour cette raison que j’ai du mal à le considérer comme un Twisted Tale. Pour cela, on peut le comparer au « remake » de Tim Burton de 2010, qui n’est, finalement, pas vraiment un remake, mais plus une suite au film d’animation de 1951. Alice a grandi et doit faire face à de nouveaux problèmes, tant dans sa vie personnelle qu’au Pays des Merveilles. Comme dans le film de Burton, on retrouve un Pays des Merveilles complètement ravagé, devenu un Etat totalitaire dirigé par la Reine de Cœur, avec une sorte de Rébellion qui s’est organisée. On retrouve également quelques ressemblances et références à Alice de l’autre côté du miroir, suite du film de 2010.

Je trouve cette différence vraiment pertinente et bienvenue car il est vrai que tous les Twisted Tales ont beaucoup de points communs. On peut adorer le concept mais le schéma de l’héroïne qui affronte mille dangers, s’endurcit, sauve son royaume et vit finalement heureuse pour toujours dans des conditions à peu près similaires à celle du dessin animé, peut devenir quelque peu lassant au bout de 5 ou 6 fois. Cette nouvelle façon d’insérer un twist apporte donc un vent de nouveauté sur les Twisted Tales. En plus des similitudes avec le remake de 2010 (que j’ai adoré), cela fait partie des raisons pour lesquelles j’ai beaucoup aimé ce livre.


Des personnages réinventés


Un autre point qui fait que j’ai adoré ce roman est le travail et le soin qui ont été apportés aux personnages. Comme je l’ai expliqué plus tôt, les Twisted Tales ont tendance à moderniser et approfondir les personnages en ajoutant notamment des traits de caractères et de nouvelles intrigues un peu plus adultes qui n’auraient pas pu faire partie des films d’animation originaux à cause du public plus jeune. C’est totalement le cas dans ce livre. Tous les personnages, que ce soit le Chapelier Fou, le Dodo ou le Lapin Blanc, ont des motivations compréhensibles, une personnalité bien définie, une évolution cohérente. Ils sont loin de leurs versions animées, bien moins creusées et bien plus enfantines. Cela peut déplaire à certains car, par conséquent, les habitants du Pays des Merveilles ont un peu perdu de leur folie, caractéristique de cet univers. Pour ma part, je trouve l’idée vraiment bonne car les personnages affrontent des choses horribles avec le règne tyrannique de la Reine de Cœur ; il est donc normal qu’ils aient muri. C’est également ce qui se passe dans le film live de 2010 : les personnages sont plus creusés et ont dû grandir pour affronter la Reine, mais tout en gardant leur côté loufoque. Ce trait est un peu moins présent dans le roman car, à cause des récents événements, les personnages ont perdu leur loufoquerie. On assiste ainsi à une véritable recherche d'identité avec Alice qui aide ses amis à redevenir eux-mêmes, à savoir les personnages follement attachants qu’ils étaient dans son enfance.

Néanmoins, la quête d’identité d'Alice qui est la plus importante. Comme, elle aussi, a grandi et a continué sa vie dans le monde réel, elle est devenue plus adulte, plus intéressante que dans le dessin animé. Elle a des ambitions, des valeurs, des personnes qu’elle souhaite protéger et qu’elle aime. Je trouve son évolution par rapport à sa version de 1951 particulièrement pertinente car, contrairement aux autres Twisted Tale, elle ne change pas subitement à cause d’un événement qui va complètement transformer ce qu’elle est, mais parce qu’elle a vécu sa vie. Je trouve cela plus naturel et surtout plus crédible.

Cependant, elle n’est pas non plus complètement épanouie et a toujours besoin de trouver sa place, surtout dans une Angleterre victorienne, société patriarcale et intolérante dans laquelle la différence et la folie ne sont pas les bienvenues. Tout au long du récit, elle passe son temps à faire des allers-retours entre le Pays des Merveilles et l’Angleterre, ce qui l’amène à se questionner sur son rôle à jouer dans les deux mondes. C’est elle qui a l’évolution la plus marquante et la plus touchante, du moins selon moi.

Il y a également une autre chose que j’ai beaucoup apprécié vis-à-vis des personnages : le fait qu’ils aient tous un alter ego dans l’autre monde, ce qui donne un sentiment de proximité entre les deux univers, comme si l’un était le reflet de l’autre, mais différent. Cela nous permet de comparer l’Angleterre et le Pays des Merveilles plus pertinemment et de se rendre compte que les deux mondes ne sont pas si différents. C’est une vision des choses qui a été également exploitée par le live action de Tim Burton, dans lequel on peut facilement associer un personnage du monde réel à un personnage du Pays des Merveilles (les jumelles et les jumeaux Tweedle, le père d’Alice et le Chapelier Fou, etc.). C’est d’ailleurs une des raisons qui m’a fait adorer le film : on ne sait pas si le Pays des Merveilles existe comme un reflet du monde réel ou si Alice a rêvé et tout simplement mélangé ses souvenirs de la journée avec sa folie naturelle.

Ensuite, une autre chose souvent intéressante avec les Twisted Tales, c’est le fait de reprendre des personnages très secondaires, voire qui n’apparaissent que quelques secondes à l’écran, et de leur donner des rôles plus importants, tout en les creusant davantage. Ici, c’est le cas notamment avec Marianne, une jeune fille, apparemment la servante du Lapin Blanc, qui ressemblerait à Alice, dont on entend simplement le nom dans le dessin animé. On en apprend plus sur elle et elle devient un personnage au centre de l’intrigue.

C’est également ce qui arrive à la sœur d’Alice, Mathilda. En effet, dans le film d’animation d’origine, on ne sait pas grand-chose d’elle ni de son caractère, si ce n'est qu'elle fait la classe à Alice et qu’elle est rapidement exaspérée par ses divagations pendant ses cours. Dans le livre, on apprend à la connaitre comme la grande sœur conformiste qui veut faire rentrer sa sœur dans les bonnes mœurs en lui trouvant un époux.

De nouveaux personnages voient également le jour, comme Katz, l’avocat fils d’immigré qui veut rétablir la justice et l’égalité pour tous les citoyens anglais, et répondre présent à chaque fois qu’Alice a besoin de lui. On retrouve également le personnage de la tante Viviane, femme extravagante et indépendante aux mœurs particulières pour la société de l’époque.

Le dernier point que j’aime à propos des personnages de ce roman est le fait qu’il exploite non seulement les habitants et l’univers du Pays de Cœur, gouverné par la Reine de cœur, mais aussi les autres royaumes des autres couleurs de cartes, comme le Pays de Trèfle gouverné par la Reine de Trèfle. Le monde du jeu de société est omniprésent. On peut facilement faire encore une fois le parallèle avec le film de 2010 dans lequel la Reine Rouge gouverne son pays, où tout n’est que rouge et cœur, lié à l’univers du jeu de cartes, et la Reine Blanche qui gouverne le sien, plutôt lié au jeu des échecs. Toutes ces allusions peuvent être vues comme un dernier au revoir d’Alice au monde du jeu et de l’enfance avant de grandir et de continuer à vivre dans un monde où la politique est un peu plus compliquée qu’un jeu de cartes.


La politique tournée en ridicule


Ce qui m’a vraiment marqué dans ce Twisted Tale est sa manière d’évoquer la politique. Ce sujet est omniprésent. En Angleterre, la population de la ville fictive de Kexford est sur le point d’élire son nouveau maire et au Pays des Merveilles, une révolution se met en place pour renverser la Reine de Cœur. Le candidat principal à la mairie de Kexford, Ramsbottom, est très conservateur et patriarcal, et lui et ses adeptes sont comparés à la Reine de Cœur et à ses partisans, qui cherchent à accumuler le plus de jouets possible en les volant aux enfants. On sent la volonté de l’autrice de tourner en ridicule le conservatisme, en montrant son absurdité à travers le Pays des Merveilles.

Dans le monde réel, de nombreux immigrés habitent Kexford et Alice rend souvent visite à ces enfants. Elle prend aussi souvent le thé chez une chinoise. Tout au long de l’histoire, on voit ces personnes non désirables pour la bonne société, et plus particulièrement par les partisans du candidat principal à la mairie, traitées comme de la vermine, assaillies d’insultes xénophobes. Alice essaie de dénoncer ces atrocités mais n’est pas prise au sérieux. On transmet un vrai message de tolérance et d’anti-conservatisme, en nous montrant, à travers des personnages, ce qu’ont réellement vécu des milliers d’immigrants.

Avec le personnage de la tante Viviane, est également délivrée un fort message féministe. Elle vit sa vie en étant indépendante et encourage Alice à faire ce qui la rend heureuse, plutôt que de faire ce que la société attend d’elle. Au contraire, Mathilda, la sœur d’Alice, l’incite à trouver un mari et à adopter des comportements et des fréquentations plus convenables. C’est également ce que veut Ramsbottom, qui décrédibilise plus d’une fois la tante Viviane et affirme que, s’il est élu, il fera en sorte que ces femmes et ces comportements déstabilisants disparaissent. Alice a également une discussion très intéressante avec Katz au sujet de la différence entre les droits des femmes et ceux des immigrés, notamment au sujet du droit de vote.


C’est cette façon de tourner la politique en ridicule en la comparant au Pays des Merveilles et de délivrer un message anticonservateur, tolérant et féministe qui m’a le plus marqué et qui me fera me souvenir de ce Twisted Tale en particulier. Je ne vais pas trop vous parler de la fin, au risque de révéler trop d’éléments de l’intrigue ( sachant que j’en ai déjà révélé un certain nombre…). Sachez juste qu’elle m’a beaucoup surprise, que je l’ai trouvée assez audacieuse, comme pour d’autres Twisted Tales. Elle est finalement assez ouverte, ce qui peut être frustrant quand on sait que chacun des tomes de cette collection est unique et indépendant. Je vous conseille vivement ce livre si vous aimez l’univers d’Alice aux Pays des Merveilles, si vous avez aimé le live action de Tim Burton, et même si vous n’appréciez pas le principe des Twisted Tales car, comme je l’ai dit au début, il s’agit plus d’une suite que d’une réécriture. Seul petit bémol qui pourrait en effrayer certains : il s’agit d’un livre assez épais, le plus long Twisted Tale sorti à ce jour (mais il vaut chacune de ses 512 pages). Je reparlerai probablement cette collection sur le blog, notamment lorsque j’aurai lu le dernier sorti à ce jour sur Hercule.

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