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Pourquoi n’y a-t-il jamais de remises de prix sur les livres en France ?


Librairie étagères pleins de livres ampoule éclairé vente
Image libre de droits Licence : CC BY-SA 4.0 Auteur : Utilisateur de commons.wikimedia.org : Poly1505 Lien vers l’image : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Table_et_mur_Librairie_Le_Divan.jpg

Bonjour à tous, les lecteurs ! Il y a quelques semaines, je scrollais sur Tik Tok (d’ailleurs, n’hésitez pas à me suivre si ce n’est pas déjà le cas) et je suis tombée sur une vidéo d’une booktokeuse qui s’indignait parce que les distributeurs de livre en France ne font jamais de promotions ou de remises de prix sur les livres, contrairement aux distributeurs d’autres pays. Je ne blâme en aucun cas cette personne, qui a tout à fait le droit de donner son avis, mais cela m’a fait me rendre compte que beaucoup de personnes ne connaissent pas la loi Lang sur le prix unique du livre, et ne connaissent pas non plus les raisons qui ont poussé les législateurs à mettre en place cette loi. Je voudrais donc, aujourd’hui, vous proposer un article qui aborde l’univers du livre d’un point de vue plus économique et juridique, en vous expliquant pourquoi il n’y a jamais de promotions sur les livres en France.


Point sur la situation avant les années 1980 : entre libre concurrence et faillites de libraires


A l’heure actuelle, que vous achetiez un livre sur Amazon, dans une grande enseigne telle que Cultura ou Fnac, ou chez votre petit libraire indépendant, vous payez votre livre le même prix, et aucun commerce ne pourra vous proposer de remise dépassant les 5%. Les soldes et les Black Friday ne s’appliquent pas aux livres.

Cependant, les choses ne se sont pas toujours déroulées ainsi. Jusque dans les années 1980, les commerces vendant des livres se faisaient concurrence. Les éditeurs proposaient des « prix conseillés », que les vendeurs pouvaient choisir d’appliquer, ou non. Ainsi, les grandes enseignes pouvaient se permettre d’acheter des livres en grande quantité et de les vendre moins cher. Cela n’était pas possible pour les petites librairies, qui ne pouvaient proposer des prix plus bas. Elles perdaient alors leurs clients et les faillites étaient donc nombreuses. Les libraires, éditeurs et syndicats se sont alors mobilisés, et, afin de protéger les commerces indépendants et de massifier l’accès au livre, le gouvernement a alors jugé nécessaire de réglementer ce secteur.


Le tournant de la loi Lang


Le 10 août 1981, la loi Lang, du nom de l’ancien ministre de la Culture Jack Lang, a été votée. Cette loi a instauré un prix unique du livre en France. Cela signifie que les éditeurs fixent un prix pour un livre, et les vendeurs sont obligés de le vendre à ce prix. Donc, peu importe que vous achetiez un livre dans une grande surface ou chez un libraire, vous le paierez le même prix. Cette loi permet de lutter contre la concurrence des grandes enseignes envers les plus petits commerces et a limité les faillites de libraires indépendants.

Il est tout de même à noter que la loi autorise les remises jusqu’à 5% du prix du livre et ne s’applique qu’aux livres neufs. De plus, l’article 5 stipule que les livres édités ou importés depuis plus de deux ans et dont le dernier approvisionnement remonte à plus de six mois peuvent être proposés à des prix inférieurs au prix de vente fixé par l’éditeur.


Le bouleversement numérique


L’arrivée du numérique et le changement des pratiques de lecture et d’achat de livres qu’elle a entrainée, a permis des contournements de la loi Lang.

En effet, depuis plus d’une décennie maintenant, un livre n’est plus forcément un objet physique fait de papier. Un livre peut être numérique. Il a alors fallu élargir la définition du mot « livre » pour que la loi Lang s’applique également aux ebooks. Depuis 2011, une loi stipule que les éditeurs sont tenus de fixer un prix à leurs livres numériques, que les vendeurs sont obligés de respecter, comme pour les livres papier.

Mais l’arrivée d’Internet a également fait naitre des plateformes de vente en ligne, posant alors la question des livraisons et des frais de port. Si pratiquement toutes les librairies et grandes surfaces disposent d’un site internet permettant à leurs clients de réserver, de commander, et de recevoir leurs livres directement chez eux, les frais de ports sont assez élevés, car l’envoi a un coût ! Cependant, aucune loi ne réglementait le prix des frais de port. Ainsi, les grandes plateformes en ligne, comme Amazon, ont longtemps pu proposer des livraisons de livres gratuites.

Depuis 2014, une loi interdit l’expédition gratuite de livres en France. Mais les plateformes en ligne peuvent toujours proposer des frais de ports peu chers aux acheteurs (l’expédition d’une commande contenant des livres sur Amazon ne coûte qu’un centime d’euro). Le déséquilibre n’est alors toujours pas comblé, et le risque de faillite pour les petites librairies est de nouveau bien présent.

Toutefois, le mois dernier, les sénateurs ont voté une proposition de loi prévoyant d’établir un montant fixe pour les frais d’envoi, que les libraires, les grandes surfaces et les plateformes devront respecter. On peut donc espérer une plus grande égalité à venir entre tous les distributeurs de livres.


Vous savez maintenant (presque) tout sur le prix unique du livre et sur ce qui a été mis en place pour garantir une certaine égalité entre les commerçants dans le domaine du livre. Bien que ces mesures soient de plus en plus contestées et que certains critiquent le protectionnisme qu’elles entrainent, ces lois ont fait leurs preuves, et plusieurs pays européens s’en sont d’ailleurs inspirés pour créer une politique similaire. Elles comportent toutefois leurs avantages et leurs inconvénients.

Pour toute information complémentaire ou pour plus de détails, je vous renvoie vers ma source pour cet article.

Et, par pitié chers lecteurs, n’utilisez pas l’espace commentaire pour véhiculer vos idées politiques en imposant votre point de vue. Le but de cet article est d’informer ses lecteurs, et non de lancer une polémique.

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