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La pyramide des besoins humains ou comment bouleverser une lectrice en 125 pages

Dernière mise à jour : 2 nov. 2021


Livre La pyramide des besoins humains Caroline Solé

Bonjour à tous, les lecteurs ! Pour ce premier article de blog consacré à la lecture, je vais vous parler d’un livre qui m’a profondément chamboulée, d’autant plus que je n’en attendais rien du tout : La pyramide des besoins humains de Caroline Solé.

Quand j’ai vu ce livre, qui trainait depuis des mois (si ce n’est des années…) dans ma pile à lire, le titre m’a intriguée et, étant donné qu’il est assez court, et que je n’avais plus rien à lire, je me suis laissée tenter, en m’attendant à un livre très moyen. Quelle fut ma surprise quand je l’ai terminé ! Il m’a fait ressentir plus d’émotions en 125 pages que beaucoup d’autres en 500. Il fait maintenant parti des livres qui m’ont le plus marquée et il m’a fait m’ouvrir à d’autres genres littéraires.

Ce livre n’est pas vraiment une découverte récente étant donné que je l’ai lu pour la première fois il y a plus d’un an. Cependant, s’il y a bien une de mes lectures qui mérite un article, c’est celle-ci. Je vous laisse découvrir pourquoi il est ABSOLUMENT à lire.


De sans-abri anonyme à star de téléréalité, il n’y a qu’un pas


La pyramide des besoins humains raconte la vie de Christopher, un jeune, vivant dans la rue dont l’existence va se retrouver bouleversée par un jeu de téléréalité en ligne basé sur la pyramide des besoins humains du psychologue Abraham Maslow.

Candidat n° 12 778, ChristopherScott54 prend part au jeu et gravit différents niveaux de la pyramide, tout en faisant beaucoup parler de lui dans les journaux. Ce qui s’annonçait comme une décision sans conséquences vire au cauchemar pour le jeune sans-abri, dont la vie privée se retrouve menacée et dont les souvenirs douloureux vont soudainement ressurgir.


Pyramide des besoins humains Maslow livre Caroline Solé
« Si, un jour, la célébrité vous tombe dessus comme la fiente d’un pigeon sur la tête : fuyez ! »

Une écriture presque "autobiographique"


L’écriture peut être assez difficile à suivre car Christopher raconte son histoire, à la première personne, en faisant des allers-retours entre passé et présent. En tant que lecteur, on a l’impression de lire une autobiographie, bien que l’autrice et le personnage principal soient deux personnes différentes. On nous explique dans les premières pages que le personnage écrit pour raconter sa version de la folle histoire qui lui est arrivée. De même, on nous révèle déjà le dénouement au début, un peu comme dans le roman Petit Pays de Gaël Faye, qui commence dans le présent, dans lequel le personnage a gardé de profondes séquelles de son histoire, qui nous sera racontée par la suite. On sait, par conséquent, que le personnage va s’en sortir mais endurer beaucoup d’épreuves.

Ce genre d’écriture donne un sentiment très particulier de proximité avec l’intrigue et ses personnages. Dans les chapitres sur l’enfance de Christopher, qui expliquent comment il en est arrivé à devenir sans-abri, on le comprend vraiment, lui, et son monde.


Un livre aux mille morales


Ce qui m’a réellement fait tomber sous le charme de ce livre, ce sont les morales. Avec ce style d’écriture et l’évolution de l'intrigue, plus on avance dans l’histoire, plus on voit de morales et de messages apparaitre, et quand on analyse chaque phrase, qu’on l'étudie en profondeur, d’autres messages apparaissent à leur tour. Pour ce livre déconcertant, je veux chaleureusement féliciter l’autrice Caroline Solé, dont je n’avais jamais entendu parler avant mais qui a écrit d’autres livres. Il s’agissait d’ailleurs de son tout premier roman.

« A partir de ce troisième niveau, je commence à vivre à la troisième personne. »

Superficiellement, on repère assez vite le message sur la notion de célébrité : il faut s’en méfier, s’en éloigner, sous peine de perdre sa vie privée. Au fur et à mesure du livre, cette notion de vie privée prend une place très importante. Christopher est assez critique quant à ceux qui publient des images et des vidéos personnelles. Il fait toujours attention à ne jamais révéler sa position, sa véritable identité, toute son histoire, etc. Il s’agit pour moi du message principal du livre, qui nous fait nous poser des questions sur nous-mêmes et sur nos vies. C’est là que le contexte de téléréalité prend tout son sens. Quand on regarde la téléréalité aujourd’hui, ce sont des gens qui décident de totalement s’exposer aux yeux du monde et perdent toute vie privée. Toutes ces personnalités publiques deviennent des marques et sont constamment obligées de jouer un rôle, ne sont plus eux-mêmes. On sent la volonté de l’autrice de contester et de mettre en garde contre cette culture de la téléréalité et des réseaux sociaux.

« Tout le monde veut rentrer dans la ronde de ses semblables »

Comme Christopher est sans-abri, il est maintenu à l’écart de la société mais a tout le loisir de l’observer, de l’extérieur. Il peut donc facilement remarquer toute la stupidité de notre société. Il nous montre ainsi toute l'absurdité de la possession et du besoin de conformité. Il dénonce les grandes entreprises qui nous achètent et nous appâtent avec des mensonges, des fausses récompenses, des cadeaux empoisonnées et des addictions. On voit aussi tout l’engouement qu’elles peuvent créer autour de quelque chose qui ne changera pas la vie des gens, avec notamment des quantités astronomiques de produits dérivés.


Chaque phrase de Christopher peut être analysée et cache bien souvent un message, une morale, une remarque sur notre vie de tous les jours, sur ce qui nous parait normal et qui est remis en question. Toute cette remise en cause de ce qui constitue notre quotidien est assez perturbante et soulève de nombreuses interrogations mais, c’est ce qui nous permet de réfléchir par nous-mêmes. C’est pour cela que je trouve ce genre de livre, qui dénonce la normalité, très important à lire.


La violence racontée à l’état brut


Le fait que ce livre raconte l’histoire d’un sans-abri donne l’opportunité de découvrir le quotidien et l’environnement méconnu de ces derniers. C’est justement ce que fait l’autrice … en ne nous épargnant aucun détail. La misère est décrite à l’état brut, sans l’enjoliver, en appelant un chat un chat. La lecture de ce roman peut donc se révéler assez dure. On nous parle explicitement de prostitution, des ravages de la drogue, de saleté, du regard méprisant et de l’irrespect dont font preuve les passants. Cela nous fait réfléchir sur notre confort et relativiser la gravité de nos problèmes.

En nous apprenant l’histoire des sans-abris et la cause de leur situation, ce livre nous pousse au respect et à la compréhension de ses individus laissés pour compte par notre société. On comprend mieux leurs réactions quand on leur propose de l’aide, qui peuvent étonner quand on n’essaye pas de se mettre à leur place. On comprend leur rage envers la société.

On assiste aussi à une fraternité entre les sans-abris, très différente de tout ce que nous connaissons avec nos amis ou notre famille. Ils se serrent les coudes d’une manière particulière, mais compréhensible au vu de leur situation.


La pyramide des besoins humains est un roman d’une grande profondeur aux multiples morales. Même si la lecture peut s’avérer difficile en raison de la violence et de la misère dans laquelle vivent les personnages, ce livre est selon moi un must-read qui nous pousse à nous remettre en cause, nous et notre quotidien.

Si vous avez aimé La pyramide des besoins humains, vous aimerez probablement aussi le roman Aussi loin que possible d’Eric Pessan. ;-)

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