The Giver : Un hymne à la vie à la sauce young adult
Dernière mise à jour : 26 déc. 2021
Salut à vous, les cinéphiles ! Dans ce nouvel article, je vais vous parler d’un film qui m’a marqué la première fois que je l’ai regardé et que j’ai revu récemment. Je me suis dit que je ne pouvais pas passer à côté d’un article pour vous partager mon ressenti face à cet étonnant et magnifique film : The Giver (ou Le Passeur en français).
Une société pas si parfaite
En 2014, les spectateurs découvraient au cinéma l’adaptation du roman éponyme de Lois Lowry dans laquelle Jonas, un jeune homme vivant dans une société entièrement contrôlée et régie par des règles très strictes (ce qui n’est pas sans rappeler la ville de Chicago dans la trilogie Divergente), va recevoir tous les souvenirs d’un passé volontairement absent de la mémoire du reste de la population.
En effet, dans le monde de Jonas, les guerres, les inégalités et l’imprévu ont été éradiqués ; de même que les émotions, le libre arbitre, la diversité et les couleurs. Tous les habitants de la ville vivent dans les mêmes maisons, exercent des métiers qui ont été décidés pour eux, sont filmés par des caméras de vidéosurveillance partout et à chaque instant, et doivent respecter des règles telles que porter des tenues réglementaires, ne pas avoir de contact physique avec une personne qui ne fait pas partie de sa famille ou ne jamais mentir. Chaque personne vit dans les mêmes conditions, des conditions qui leur ont été imposées. Même la météo, les naissances et les «morts» sont contrôlées.
Ainsi, lorsque Jonas est nommé dépositaire de la mémoire, qu’on l’autorise à ne pas respecter ces règles et qu’il découvre un monde de couleurs, de sentiments et de vie, il se met en tête de restaurer cette société passée et de faire retrouver la mémoire à tous les habitants.
Un travail soigné au niveau des couleurs
Pour bien exprimer la monotonie de la vie et de l’univers de Jonas, le film commence en noir et blanc. Autant dire que quand le Passeur, celui qui va transmettre au dépositaire les souvenirs, montre au jeune homme des scènes rayonnantes de couleurs, le spectateur est aussi ébloui que lui. Puis, petit à petit, une à une, les couleurs apparaissent et viennent enjoliver la vision du monde de Jonas.
Je trouve les scènes ne comportant qu’une seule couleur vraiment belles, d’une beauté assez originale et audacieuse. De même, lorsque le film n’est qu’en noir et blanc et que l’on commence à voir des souvenirs colorés, le contraste avec le monde réel en noir et blanc est saisissant et témoigne bien de l’immense écart entre les deux univers. On a d’un côté un univers monochrome et ennuyeux, et de l’autre un patchwork de souvenirs animés avec des gens de différentes ethnies, de différentes cultures et des événements plus ou moins joyeux. Tous ces éléments témoignent d’un travail poussé au niveau de la couleur, qui constitue la beauté visuelle du film.
Des personnages variés et des relations changeantes
Même si les personnages de The Giver peuvent paraitre assez clichés, ils ont chacun un rôle qui leur est propre à jouer dans la quête de vérité de Jonas.
Tout d’abord, le Passeur, interprété par Jeff Bridges, est un personnage à plusieurs facettes qui nous dévoile différents aspects de sa personnalité tout au long du film. Alors qu’au début, il peut paraitre assez bougon, conséquence de sa vie loin du reste de la société, on découvre peu à peu son passé, notamment avec la précédente apprentie dépositaire de la mémoire. On comprend peu à peu la lourde responsabilité que lui incombe à la fois son rôle de dépositaire mais aussi celui de Passeur, qui va devoir enseigner tout le passé de la race humaine, le bon comme le mauvais, à son successeur. C’est un personnage très intéressant ; ses rapports avec Jonas passent d’une relation d’enseignant à élève à un attachement plus amical, presque complice.
Fiona et Asher, les deux amis de Jonas, ont, eux, des évolutions contraires. Alors que Fiona parait être la parfaite jeune fille qui obéit aux règles et s’épanouit bien en société, Asher est resté un enfant, incapable de se responsabiliser et de s’en tenir aux règles. Tout au long du film, les rôles vont peu à peu s’inverser : Fiona va se poser des questions sur la légitimité des lois mises en place et écouter Jonas lui parler de tout ce qu’il découvre dans sa formation de dépositaire. A l’inverse, Asher va se voir donner des responsabilités et devenir quelqu’un d’important au sein du régime. Il aura tendance à rappeler Jonas à l’ordre alors que celui-ci voudra faire éclater la vérité au grand jour.
La famille de Jonas comporte des membres avec chacun des visions bien distinctes de ses idées. Sa mère, fervente partisane du système, ne fera que le rappeler à l’ordre et n’hésitera pas à prévenir la haute autorité du danger que représente son fils pour la société. Son père, lui, sera plutôt dans l’incompréhension. Il est le fruit du système et obéit, parfois même sans comprendre ce qu’il fait vraiment. Sa jeune sœur sera intriguée par les étranges histoires racontées par son frère. Enfin, Gabriel, un bébé jugé anormal qui restera chez Jonas pendant quelques temps, va développer une relation particulière avec lui. Ils se transmettront des souvenirs mutuellement et Jonas va devenir un véritable protecteur pour lui. Je trouve leur relation extrêmement belle et pure.
Une ode à l’humanité
Ce qu’il y a de plus beau dans ce film, et ce qui me fera me souvenir de lui est sans aucun doute son message. Jonas vit dans un monde sans émotions, sans diversité, sans humanité. Les souvenirs du Passeur vont lui montrer toute la beauté de cet ancien monde, de notre monde. Le film nous fait redécouvrir la vie, du point de vue de quelqu’un qui la découvre pour la première fois. Le monde de liberté, de diversité, de choix dans lequel nous vivons est pour Jonas un rêve. Cela nous fait relativiser nos problèmes et nous rendre compte de la chance que nous avons. Il nous fait aussi réfléchir sur l’amour et l’affection que l’on porte à nos proches. Dans la ville de Jonas, les injections quotidiennes que prennent les habitants les privent de tout émotion, de tout sentiment, ce qui fait qu’ils se côtoient et se respectent mais n’éprouvent aucun sentiment d’amitié ou d’amour. Leur vie n’a pas vraiment d’intérêt ; ils ne font que survivre. Le film démontre que si la vie vaut la peine d’être vécu, c’est à travers les sentiments, les découvertes de nouvelles cultures, de nouveaux horizons.
Néanmoins, les souvenirs que montre le Passeur ne sont pas tous joyeux. Il lui transmet des images de guerre, de famine, de pauvreté, d'animaux chassés. Cependant, malgré tous ces mauvais aspects de notre monde, Jonas veut quand même le restaurer. Cela témoigne du fait que, les souffrances, les conflits, les discriminations et toutes les imperfections de notre monde font de celui-ci ce qu’il est, et valent le coup d’être vécus pour pouvoir pleinement vivre. Ce n’est pas pour autant qu’il ne faut rien faire pour les corriger, mais supprimer la différence pour combattre la discrimination, supprimer les sentiments pour combattre la souffrance et supprimer les choix pour combattre les mauvaises décisions ne feraient qu’empirer les choses.
Ce film nous montre, à travers une magnifique célébration de la vie et de l’humanité, à quel point nous sommes chanceux de vivre dans un monde de diversité et d’amour et que toutes les épreuves que nous subissons ne sont rien par rapport à cette chance que nous avons. Je vous le recommande vivement. Il est d’ailleurs actuellement disponible sur Netflix.
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