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Critique d’Oppenheimer : bien plus qu’un simple biopic


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Salut à vous, les cinéphiles ! Arrive enfin la critique que vous attendiez tant, sur un film que j’attendais tant : Oppenheimer de Christopher Nolan. Étant une grande fan de la filmographie du réalisateur, ainsi que des biopics en général, je ne pouvais qu’être enthousiasmée à l’annonce de la sortie future de ce film, que j’ai attendu de pied ferme depuis. Au vu de la qualité de tous les films réalisés par Christopher Nolan, j’avais de nombreuses et hautes attentes quant à Oppenheimer, et je me demandais comment le cinéaste réussirait à mêler le style du genre cinématographique du biopic, avec son propre style notamment caractérisé par une narration non-linéaire. Je me suis donc rendue au cinéma le 28 juillet pour découvrir le film, en version originale (et non le fameux jour du « Barbenheimer », jour où je suis allée voir le dernier Mission : Impossible !), et quand le film s’est terminé, j’étais plutôt perplexe. Le film ne ressemblait en effet pas du tout à ce à quoi je m’attendais. Je me rendais compte que je venais de voir un très bon film, du Grand cinéma, mais je ne savais pas si je l’avais aimé. Ce n’est qu’en en reparlant et en y repensant, notamment pour cet article, que je me suis rendu compte que je l’avais bien aimé, même si je pense que, pour l’apprécier pleinement, plusieurs visionnages seront nécessaires, comme pour tous les films de Christopher Nolan.

Même si je préfère habituellement sortir des critiques sans spoilers, cet article en contiendra certains. Je ne voyais en effet pas comment expliquer mon avis sur ce film sans l’évocation de certains éléments pouvant gâcher votre visionnage si vous ne l’avez pas encore vu.


« Je suis devenu la Mort, le destructeur des Mondes. »


Oppenheimer retrace la vie du célèbre scientifique J. Robert Oppenheimer, considéré comme le « père de la bombe atomique ». Cependant, en réalité, l'oeuvre va bien plus loin que cela. Christopher Nolan oblige, la narration du film est non-linéaire, et l’intrigue est divisée en trois lignes temporelles. La première est celle qui se rapproche le plus du genre du biopic puisqu’on y suit Robert Oppenheimer de ses débuts en tant que scientifique, à l’université, jusqu’à sa consécration avec le projet Manhattan et l’essai nucléaire Trinity à Los Alamos. La deuxième se déroule environ dix ans plus tard et retrace l’audition de sécurité d’Oppenheimer, alors accusé d'espionnage au profit de l’URSS. Enfin, la troisième expose l’audience de confirmation du Sénat visant à valider ou non la nomination de Lewis Strauss au poste de Secrétaire au Commerce. Rien qu’avec ce synopsis, on comprend qu’Oppenheimer est bien loin d’être un simple biopic.


Un film de Christopher Nolan qui en respecte tous les codes ?


Ce qui m’a frappée lorsque le film s’est terminé, c’est que je n’avais pas l’impression d’avoir regardé un film de Christopher Nolan. Certes, certains codes sont respectés, comme la narration non-linéaire et le fait qu’on ne comprenne tout qu’à la fin. On retrouve certains collaborateurs réguliers du réalisateur, que ce soit notamment au niveau des acteurs comme Cillian Murphy (trilogie Dark Knight, Inception, Dunkerque), Gary Oldman (trilogie Dark Knight), ou encore Kenneth Branagh (Dunkerque, Tenet), mais aussi des producteurs (Emma Thomas, Charles Roven), du directeur de la photographie (Hoyte van Hoytema) et du compositeur (Ludwig Göransson). Étrangement, l’acteur Michael Caine, apparaissant dans tous les films du réalisateur depuis la trilogie Dark Knight, n’est pas de la partie pour Oppenheimer.

De plus, ce n’est pas la première fois que Christopher Nolan propose un film lié à l’univers de la science. Interstellar, sorti en 2014, plongeait déjà le spectateur dans le monde des trous de ver, ondes gravitationnelles et autre tesseract. Pour ma part, mes connaissances scientifiques étant très limitées, ce genre de thématique a tendance à me laisser dans l’incompréhension et à me sortir du film. J’ai malheureusement retrouvé ce sentiment dans Oppenheimer, qui évoque également des concepts très complexes et abstraits pour moi, notamment pendant les scènes de discussion entre les scientifiques. Cependant, je comprends que, dans un souci de réalisme, le cinéaste ait choisi d’évoquer frontalement ces sujets, sans les édulcorer, mais j’aurais préféré davantage de vulgarisation à certains moments du film.

Oppenheimer est également un film historique, qui se rapproche du film de Christopher Nolan Dunkerque, sorti en 2017. C’est donc la seconde fois que le réalisateur traite de la Seconde Guerre mondiale dans un film. Le contexte historique est l’un des points que j’ai préféré. De manière générale, je suis très friande de biopics et de films historiques, et Oppenheimer explore une période que j’apprécie beaucoup, à savoir la Seconde Guerre mondiale et la Guerre Froide. Mes connaissances historiques m’ont aidée à mieux comprendre cette partie du film, à défaut de comprendre la partie plus scientifique.

On pourrait donc croire qu’Oppenheimer reprend les thèmes classiques de Christopher Nolan. Néanmoins, c’est la première fois qu’il allie science et histoire en un seul film. On a donc besoin d’un certain bagage de connaissances tant scientifiques qu’historiques pour apprécier pleinement le film, ce que je trouve un peu dommage car il exclut un certain nombre de spectateurs.

L’aspect technique du film, encore une fois, est parfaitement maîtrisé. Nolan est au sommet de son art et nous propose un film de Grand cinéma, à sa hauteur. Oppenheimer est visuellement impressionnant, avec notamment sa matérialisation à l’écran de concepts physiques abstraits et ses alternances entre la couleur et le noir et blanc lorsque l’histoire se déroule du point de vue de Lewis Strauss (du moins c’est ainsi que je l’ai interprété). La réalisation est, sans grande surprise, incroyable. La photographie est réfléchie et soignée. Les effets spéciaux sont magnifiques et débordent de réalisme, comme l’explosion de l’essai Trinity qui comporte à l’écran un décalage entre l’image et le son. Ce film est sans hésitation une réussite sur le plan technique.

En revanche, j’ai trouvé que le film avait du mal à se positionner au niveau de son genre cinématographique. J’ai eu l’impression de visionner tantôt un biopic, tantôt un film d’enquête, tantôt un film historique, tantôt un documentaire scientifique, ce qui m’a un peu perdue, et laissée perplexe une fois le film terminé. Toutefois, on peut considérer que cette pluralité de genres fait la force, la richesse et l’originalité du film, qui dépasse la simple catégorisation de film biographique pour devenir un vrai film d’auteur.


Des acteurs à la hauteur des personnages, des personnages à la hauteur des acteurs


Une chose est sûre, la distribution d’ensemble d’Oppenheimer n’a rien à envier à des Ocean’s Eleven ou autre Avengers : Endgame ! Le film comporte une vingtaine d’acteurs tous plus renommés les uns que les autres, parmi lesquels figurent Cillian Murphy, Emily Blunt, Matt Damon, Kenneth Branagh, ou encore Gary Oldman. J’ai d’ailleurs eu le sentiment à certains moments de voir un film qui ne faisait que cumuler les têtes d’affiches, ce qui m’a dérangée car j’ai eu plus de difficulté à voir le personnage derrière l’acteur, tant j’étais focalisé sur ce dernier, en raison de sa notoriété. Cependant, il faut reconnaitre que tous les acteurs sélectionnés par Christopher Nolan pour ce film sont d’excellents acteurs à la renommée totalement justifiée par leur talent. De plus, certains acteurs sont si bien grimés qu’on ne voit plus que le personnage. Je pense notamment à la courte mais prodigieuse performance de Gary Oldman en Harry Truman.

Toutefois, le fait que les acteurs soient presque tous déjà connus du public permet au spectateur de ne pas se perdre dans la masse de personnages du film. J’ai en effet eu du mal à différencier tous les scientifiques, militaires et hommes politiques et à me souvenir des caractéristiques et rôles de chacun. Dans ces situations, la notoriété des acteurs m’aidait à distinguer les différents personnages.

Enfin, je ne pouvais pas parler des acteurs d’Oppenheimer sans mentionner l’extraordinaire performance de Cillian Murphy dans le rôle du personnage éponyme. Il s’est en effet totalement métamorphosé pour le rôle et porte réellement le film. Il a montré, une fois de plus, l’étendue de son talent, et prouvé, si tant est qu’on l’ignore encore, à quel point il est un excellent acteur.


Une parfaite alternance entre musique, sons et silences


Si Christopher Nolan avait l’habitude de travailler avec le compositeur Hans Zimmer, depuis deux films, il fait maintenant appel à Ludwig Göransson, étoile montante de la musique de film ayant notamment travaillé sur Black Panther, Creed et sur la série The Mandalorian. Et, encore une fois, ce dernier a fourni un travail extraordinaire. Les musiques d’Oppenheimer sont particulièrement anxiogènes, dérangeantes même, plongeant le spectateur dans la tête du protagoniste et l’obligeant à ressentir la même chose que lui, le même malaise.

Au-delà des musiques qui sont particulièrement réussies, le film sait également bien utiliser les silences, qui accroissent la tension et le suspense. Je suis allée voir le film en version « classique », mais je pense qu’il gagne à être vu en IMAX, tant pour l’image que pour le son.


La réflexion au cœur du film


Pour finir, j’ai été particulièrement sensible aux différents messages très intéressants véhiculés par le film. Cependant, plus que de simples messages, il lance surtout des pistes de réflexion au spectateur, il soulève des questions sans vraiment donner de réponse unique.

Oppenheimer fait réfléchir le spectateur sur la question de la responsabilité. Qui est vraiment responsable des milliers de morts causés par les explosions d’Hiroshima et de Nagazaki ? Est-ce Oppenheimer, le chef du projet Manhattan, sont-ce toutes les personnes ayant contribué au projet, ou est-ce seulement celui qui a ordonné l’attaque, à savoir le président Truman ? Dans ce cas, faut-il vraiment culpabiliser ? Mais ne serait-ce pas inhumain d’être insensible à ce drame ?

De plus, le long-métrage pose la question de l’importance du partage mais aussi de la protection des connaissances. J’ai remarqué un contraste entre le début du film (ou de la première timeline), durant lequel Oppenheimer fait ses études dans plusieurs pays, rencontre des scientifiques de différentes nationalités, et tous ces chercheurs se servent des connaissances et des recherches effectuées par leurs confrères afin de faire avancer la science. Par opposition, pendant la Seconde Guerre mondiale et au début de la Guerre Froide, les connaissances sont cloisonnées. Même les scientifiques faisant partie du projet Manhattan n’ont pas accès à toutes les recherches du projet, sans parler de la paranoïa des hommes politiques quant à la possibilité d’espionnage de la part de l’URSS, alors encore alliée des Etats-Unis. Le partage des connaissances est restreint afin de gagner la course à l’armement.

J’ai également beaucoup aimé la scène de mise en abîme, dans laquelle Oppenheimer se demande si la vérité sur ce qu’il s’est passé durant son audition de sécurité sera un jour révélé, alors que le film montre justement cette vérité.

Enfin, je pense que le moment qui m’a le plus marquée de tout le film est sa dernière scène, dans laquelle on apprend enfin ce qu’a dit Oppenheimer à Einstein. Elle incarne tout le propos du film et le clôture parfaitement. Comme dans tous les films de Christopher Nolan, ce n’est qu’à la fin du film que tout fait sens. Mais cette fin montre également à quel point le long-métrage est pessimiste sur l’avenir !

Ainsi, Oppenheimer est une œuvre aux multiples messages et réflexions, qui comporte plusieurs niveaux de lecture, du plus explicite au plus implicite. Il gagne donc à être vu plus d’une fois.


Oppenheimer est un excellent film, tant sur le plan narratif que technique. Même si certains points m’ont légèrement dérangée, je pense l’apprécier davantage durant mon deuxième visionnage. Toutefois, pour moi, il ne parviendra jamais à égaler Dunkerque, Inception, ou encore Memento !

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