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Le livre VS le film : La 5e Vague

Dernière mise à jour : 24 févr. 2023


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Bonjour à tous, les lecteurs, salut à vous, les cinéphiles ! Pour terminer cette période estivale, je vous propose un nouvel article dans ma série « Le livre VS le film ». J’ai déjà écrit un article dans lequel je comparais la trilogie de Suzanne Collins Hunger Games, à son adaptation au cinéma, en me penchant sur les avantages et inconvénients de chaque média. Mais c’est d’une autre dystopie dont je voudrai vous parler aujourd’hui puisque cet article sera consacré au roman ainsi qu’au film éponyme La 5e Vague. Cette trilogie young-adult écrite par Rick Yancey a eu un tel succès dès la sortie du 1er tome en 2013 que la société de production Columbia Pictures s’est empressée d’acquérir ses droits d’adaptation et de développer un projet de film la même année, avec le célèbre acteur Tobey Maguire à la production. Malheureusement, à sa sortie en salle en 2016, le film est loin d’avoir fait l’unanimité, ce qui entraina l’abandon des projets d’adaptations cinématographiques des deux autres tomes de la saga littéraire. Alors, au lieu de comparer les trois livres et leurs adaptations respectives, comme je l’avais fait dans mon article sur Hunger Games, je me contenterai de comparer le 1er tome et le seul film sorti au cinéma dans l’univers de La 5e Vague. Bien évidemment, cet article comporte de nombreux spoilers donc passez votre chemin si vous n’avez ni vu le film, ni vu le livre.


Livre > film


Il est très aisé de relever les différences avec le livre et les éléments manquants dans le film lorsqu’on compare les deux formats. Bien évidemment, le livre sera toujours meilleur que le film car plus complet et approfondi. Néanmoins, pour cette partie, j’ai décidé de ne relever que les différences et omissions que je trouve vraiment dérangeantes et qui, selon moi, rendent le livre bien meilleur que le film.

D’abord, on peut reprocher au film d’édulcorer les scènes violentes. Par exemple, la scène dans laquelle la mère de Cassie devient folle à cause de la maladie causée par la 3e vague est complètement absente et on n’apprend sa mort qu’en voyant son enterrement de fortune. Pour moi, la dystopie a un but éducatif, presque expérimental : elle nous montre jusqu’où peut survivre la nature humaine lorsque les Hommes sont confrontés à une situation extrême, et de quel degrés de violence ils sont capables. Ne pas montrer la violence est alors presque mensonger ; on nous dépeint des humains qui conservent toujours un fond d’humanité, malgré la situation extrême qu’ils vivent. C’est surestimer l’espèce humaine ! De plus, montrer les humains se comporter de manière violente peut être vu comme une mise en garde camouflée pour inciter les spectateurs et lecteurs à ne jamais se comporter de la même façon, même si une tel situation se présente. En supprimant la violence d’un film, on lui enlève cette portée didactique. C’est pourquoi le livre La 5e Vague, plus violent, peut être considéré comme une meilleure dystopie que le film.

Ensuite, bien que l’alternance des points de vue de Cassie et de Ben ait été respectée dans le film, le personnage de Ben y est beaucoup moins creusé. Dans le livre, on en apprend beaucoup sur sa famille, plus particulièrement sur sa jeune sœur dont il était très proche, et sur sa vie avant Wright-Patterson de manière générale. Dans le film, les moments où on voit sa vie d’avant sont beaucoup plus rares et on n’entend presque pas parler de sa relation avec sa sœur, pourtant très importante pour lui dans le livre. Dans le film, seul la présence à son cou du collier qui appartenait à sa sœur peut être considéré comme un indice de la profonde douleur qui l’habite depuis sa mort. Le personnage de Ben est donc bien plus réussi dans le livre que dans le film.

Puis, la scène du bus a été modifié dans le film, mais elle reste bien plus touchante dans le livre. Dans ce dernier, Cassie ne peut pas accompagner son frère jusqu’au camp de Wright-Patterson, alors son frère lui donne son nounours pour la réconforter. Ce passage est extrêmement poignant et témoigne bien de l’amour que Sammy porte à sa sœur mais aussi de son courage et de sa lucidité plutôt extraordinaire pour son âge. Dans le film, Cassie commence à monter dans le bus, mais doit repartir pour rechercher le nounours de son frère et le bus finit par partir sans elle. Même si le moment reste dans les deux cas profondément déchirant, j’ai préféré la version du livre.

Au-delà d’avoir gâché cette poignante scène du bus, le film La 5e Vague a également presque totalement passé à la trappe l’entrainement de l’escouade de Sam et Ben, alias Nugget et Zombie. D’ailleurs, le film ne nous précise même pas d’où vient le surnom de « Nugget ». Au cours de l’entrainement, dans le livre, on a l’occasion de faire connaissance avec les autres membres de leur escouade. Mais puisque rares sont les moments où ils sont présents à l’écran, ils sont réduits au rang de personnages secondaires, presque de figurants. On est à peine ému lorsque l’un d’entre eux meurt parce que ces personnages n’ont pas été assez approfondis. De plus, toujours durant ces entrainements apparaissant uniquement dans le livre, le sergent Reznik n’hésite pas à humilier et à se montrer violent envers tous les membres de l’escouade. Cependant, dans le film, non seulement cette dernière (car ce personnage est devenu une femme dans le film) n’apparait presque pas, mais elle ne parait pas si cruelle. Je trouve que la quasi-absence des entrainements à l’écran manque véritablement à l’histoire car ils contribuent à montrer à quel point le camp militaire de Wright-Patterson est un endroit effroyable, mais aussi que les jeunes sont malmenés, que leur enfance est complètement anéantie et qu’ils sont totalement conditionnés pour devenir des tueurs, pour perdre toute humanité.

Un autre point qui, selon moi, est bien mieux abordé dans le livre que dans le film : la relation entre Cassie et Evan. Rien que la scène de leur « rencontre » est différente. En effet, si dans le livre Evan tire sur Cassie, puis la sauve car il s’en veut, dans le film, Evan tue le Silencieux qui tente de la tuer. Je trouve que cet acte héroïque va à l’encontre de la complexité du personnage, partagé entre son "humanité" et son appartenance au camp des Autres. Dans le film, il parait savoir d’emblée où est sa place. Il semble déjà connaitre ses sentiments vis-à-vis de Cassie et avoir déjà fait le choix de l’humanité. De plus, je trouve leur relation bien plus mièvre et trop rapide dans le film.

Parlons maintenant de la fin du film, qui n’a rien à voir avec celle du livre. Je ne sais pas si c’est parce que j’ai lu le livre avant de visionner le film et que la différence m’a quelque peu déconcertée, mais je l’ai trouvé bien plus brouillonne. De plus, un passage m’a véritablement fait grincer des dents car il manquait terriblement de réalisme et de cohérence avec le reste de l’histoire : la rencontre entre Ben et Cassie à Wright-Patterson. Dans le livre, Ben ne reconnait pas Cassie, ce qui est tout à fait normal puisque ils ne se fréquentaient pas au lycée et qu’elle était amoureuse de lui secrètement. Mais dans le film, c’est Ben qui rappelle à Cassie qu’ils étaient dans le même lycée ! Cette scène n’a, selon moi, aucun sens, elle n’a pas lieu d’être et ne fait que rendre le film encore plus mièvre.

Je tiens également à faire une remarque sur la différence de rythme entre le livre et le film. Le livre est assez long à se mettre en route mais plus on avance, plus on a envie de savoir la fin. Je me souviens avoir dévoré la seconde moitié en une journée ! Avec le film, j’ai eu l’impression inverse. J’ai trouvé le début captivant. On retrouve l’histoire du livre racontée de manière relativement fidèle et on est content de voir les événements se dérouler à l’écran. Mais la fin n’étant pas terrible, on commence à s’ennuyer et on a hâte que commence le générique. Je préfère donc de loin le rythme du livre.

Enfin, mon dernier argument de taille en faveur du livre est que, contrairement au film, il a une suite. Si vous vous contentez de regarder le film, vous ne connaitrez jamais la fin des aventures de Cassie, Ben, Evan et les autres. Et même si les deux autres livres ne sont pas aussi palpitants que le premier, j’ai beaucoup apprécié ma lecture. Cette trilogie me restera longtemps en mémoire comme étant une très bonne dystopie, ce qui n’est pas le cas du film.


Livre < film


Vous l’avez probablement compris avec la partie précédente, j’ai, de loin, préféré le livre au film donc les arguments en faveur du films seront moins nombreux. Néanmoins, il faut se montrer indulgent avec les adaptations cinématographiques, qui ne disposent que de 2h pour raconter une histoire qui, dans les livres, peut s’étendre sur plusieurs centaines de pages. Ce qui va faire d’une adaptation une bonne adaptation va être sa capacité à conserver les moments clés du livre, à retranscrire la même ambiance et, parfois, à rajouter des éléments absents du livre mais cohérent vis-à-vis de ce dernier, qui vont contribuer à approfondir l’univers et à nous présenter de nouvelles choses que le livre, du fait de son format, n’a pas pu nous montrer.

Pour commencer, le film prend le parti de raconter la vie de Cassie avant l’arrivée des autres. Cette vie était évoquée très brièvement dans les livres et le film décide de nous la montrer beaucoup plus explicitement à travers notamment la scène de la fête. J’ai vraiment trouvé cet ajout bienvenu car on peut voir que Cassie a été une lycéenne comme tant d’autres, qui avait des amis, allait en cours et se préoccupait de sa famille. Cela nous permet de nous identifier plus facilement à elle, on compatit car elle parait plus proche de nous. Alors l'arrivée des Autres et de toutes les catastrophes avec eux, qui transforment la Cassie humaine que nous avons connue en la Cassie meurtrière et solitaire du début de l’histoire, nous déchirent encore plus le cœur.

Ensuite, le film, du fait de son format, peut nous montrer à l’écran des choses grandioses, qui impressionnent moins à la lecture qu’au visionnage. Et cela, le film La 5e Vague l’a bien compris puisqu’il a mis en images les trois premières vagues qui ravagent la Terre et l’espèce humaine. J’ai trouvé ces scènes vraiment impressionnantes d’un point de vue cinématographique, notamment la scène de la deuxième vague, dans laquelle on voit une déferlante détruire les côtes thaïlandaises et tuer tous ses habitants qui tentent, en vain, de se réfugier dans les plus hauts étages des gratte-ciels. Selon moi, cet ajout était opportun car il nous permet de nous rendre compte de l’ampleur et des conséquences des premières vagues qui, comme elles n’ont pas affecté directement Cassie, paraissent moins impressionnantes dans le livre.

Enfin, même si le personnage de Zombie est assez mal écrit dans le film, il faut bien avouer qu’il rend très bien visuellement à l’écran. J’ai été un peu surprise par le choix de Nick Robinson pour jouer le rôle de Ben car c’est un acteur que j’avais déjà vu dans d’autres films et qu’il ne correspondait pas du tout à l’image que je me faisais du personnage en lisant les livres. Mais je trouve son interprétation convaincante et surtout son maquillage bluffant. On comprend au premier coup d’œil pourquoi il a été surnommé Zombie, que ce soit à sa démarche ou à son visage fatigué, aux traits tirés et aux cernes marqués, faisant paraitre le personnage prématurément âgé.

Finalement, en ajoutant quelques éléments absents du livre qui approfondissent l'univers et l'histoire, le film a tout de même une certaine valeur ajoutée… mais rien de bien extraordinaire non plus ! Il reste tout de même un film de science-fiction divertissant, mais facilement oubliable.


Livre = film


Malgré quelques différences notoires, le film La 5e Vague, et plus spécialement le début, est plutôt fidèle au livre. J’ai notamment trouvé la scène du soldat au crucifix très bien adaptée à l’écran. Elle conserve la même intensité que dans le livre et l’impact sur le spectateur est identique.

De même, j’ai trouvé toute la partie où Cassie est seule en forêt, fidèle au livre. La même ambiance se dégage de ces scènes et on compatit avec la jeune femme, habitée par une profonde solitude et un sentiment de terreur permanent. On retrouve également à l’écran la tenue de son journal intime et la présence de l’ours en peluche qui lui sert de soutien moral.

Dans l’ensemble, on parvient à retrouver dans le film l’ambiance du livre. L’univers est très bien retranscrit au format cinématographique. Cependant, cette proximité du film avec le livre est à double tranchant : le livre étant lui-même imparfait et l’histoire assez tirée par les cheveux, l’intrigue du film, bien qu’un peu différente, surtout vers la fin, l’est aussi.


Malgré ses nombreux défauts, le film La 5e Vague est une adaptation acceptable du 1er tome de la trilogie post-apocalyptique. Il pourrait être mieux, mais il pourrait également être bien pire. Il s’agit d’un film de science-fiction qui prend peu de risques mais cela ne nous empêche pas d’apprécier toujours autant l’univers dystopique et les personnages bien écrits, créés par Rick Yancey, et réimaginés par J Blakeson.

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