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Le Bal des folles : un premier roman réussi et assurément féministe

Dernière mise à jour : 20 août 2023


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Bonjour à tous, les lecteurs ! Avec ce blog, mon objectif est notamment de vous faire découvrir des livres que je considère comme de véritables pépites. Je vous avais déjà parlé du roman La Pyramide des besoins humains, livre que j’ai trouvé absolument incroyable et aujourd’hui, je voudrais vous faire découvrir un roman que j’ai lu pour les cours et que j’ai véritablement adoré : Le Bal des folles, de Victoria Mas. Cet article sera donc l’occasion pour moi de vous vanter les qualités de ce livre, tout en rentabilisant au maximum mon oral du bac de français !


Une plongée au cœur de l’hôpital de la Salpêtrière


L’intrigue du Bal des folles se déroule à Paris, en 1885, au sein d’une société dans laquelle les femmes sont peu considérées, et obligatoirement soumises à un homme. Si celles-ci sont jugées trop indépendantes, trop tristes, trop anormales, plus assez contrôlables, elles sont directement envoyées à la Salpêtrière, un hôpital psychiatrique qui sert de prison aux femmes rejetées par la société, et de laboratoire au célèbre docteur Charcot, neurologue émérite qui ne se prive pas d’utiliser ces femmes comme sujet pour ses expériences destinées à comprendre leurs troubles et à les « soigner ».

C’est dans ce contexte que nous suivons tout au long du roman le point de vue de plusieurs femmes ayant un lien avec la Salpêtrière : Louise, une adolescente épileptique abusée par son oncle, depuis lors internée, Geneviève, une infirmière stricte mais juste qui se montre bienveillante et compatissante avec les internées, Thérèse, une ancienne prostituée qui se positionne comme la doyenne de l’hôpital dans lequel elle est enfermée depuis qu’elle a eu le malheur de pousser son irrespectueux souteneur dans la Seine, et Eugénie, qui sera envoyée à la Salpêtrière par sa propre famille lorsque celle-ci aura connaissance de sa capacité à dialoguer avec les défunts.

Seule distraction attendue par ces femmes : le fameux bal de la mi-carême, ou plus communément surnommé « bal des folles ». Au cours de cette soirée, les malades ont l’occasion de fréquenter la bourgeoisie parisienne lors d’une fête costumée, loin de s’imaginer la perversité de ces hommes, attirés par le mysticisme qui entoure ces femmes et leur condition.


Une plume très prometteuse


J’ai beaucoup apprécié ma lecture du roman de Victoria Mas, notamment car sa plume est très fluide. On est donc rapidement emporté par l’intrigue et facilement immergé dans l’univers. On peut sans difficulté s’imaginer à l’intérieur du dortoir de la Salpêtrière, à attendre que le docteur Charcot nous choisisse pour ses expériences, en tressant les cheveux de ses consœurs internées. Les personnages sont également très bien écrits et leur évolution est intéressante à suivre. On s’y attache aisément et on aime en apprendre plus sur leur histoire avant la Salpêtrière. Enfin, un point positif à double tranchant : le livre est très rapide à lire, d’une part parce que l’écriture est fluide, mais aussi parce qu’il comporte moins de 250 pages. Donc, pour ceux qui n’aiment pas les livres qui trainent en longueur et qui mettent du temps à se mettre en place, Le Bal des folles est parfait. Néanmoins, il peut paraitre trop court à d’autres, qui aimeraient en apprendre plus sur le quotidien de ces femmes, sur les traitements qu’elles subissent, ou même sur le bal en lui-même car ce dernier bien qu’ayant une place centrale dans l’intrigue, s'étend sur moins de 20 pages. Malgré quelques légers défauts, Victoria Mas s’en est sorti avec brio pour son premier roman.


Une histoire inspirée de faits réels


Si j’ai trouvé ce livre si intéressant, c’est également car il nous en apprend beaucoup sur le Paris du XIXème siècle, sur sa médecine, ses coutumes et sur la condition de la femme à cette époque. Bien que les héroïnes du roman soient fictives, le contexte dans lequel elles évoluent a bel et bien existé. On se rend donc bien compte de la manière dont étaient traitées les femmes dans la société de l’époque et à quel point la différence et l’indépendance chez ses dernières étaient redoutées. Cependant, ce que j’ai trouvé de plus original, c’est que le livre nous montre les pratiques médicales de l’époque. Il nous fait découvrir le fonctionnement d’un hôpital psychiatrique qui a réellement existé, les expériences d’un neurologue lui aussi bien réel, mais aussi des événements qui ont véritablement eu lieu, à l’instar des annuels « bals des folles ». Victoria Mas révèle le destin de centaines de femmes que l’Histoire a oublié, tout en rendant cela ludique par le biais de la fiction.


Une dénonciation de la difficile condition de la femme


Puisque les événements du livre sont inspirés de faits réels, il nous fait réfléchir sur la condition féminine au XIXème siècle. En effet, on voit les femmes traitées comme de véritables objets, utilisées pour faire des expériences. On se rend également compte de l’emprise des hommes, que ce soit leur père, leur oncle, ou encore leur souteneur. Le roman se positionne donc comme un hommage à ces femmes aux mentalités étonnamment modernes pour leur époque, mais réprimées à cause de leur différence. Le livre dénonce les mauvais traitements infligés à toutes les femmes, qu’elles soient internées à la Salpêtrière ou prétendument « libres », et me rappelle à quel point je suis chanceuse, comme toutes les femmes, de vivre en 2022.

Mais cette vive dénonciation a des conséquences. Puisque le livre est plutôt explicite, il est assez difficile à lire. Il évoque des thématiques dures et comporte des scènes de violences physiques, psychologiques et sexuelles. Il n’est donc pas à mettre entre toutes les mains.


De multiples messages et sujets de réflexion


Au-delà de la simple dénonciation de la condition de la femme, Victoria Mas livre de magnifiques messages et donne matière à réfléchir sur divers sujets. D’abord, le livre offre une réflexion sur la notion de folie. Dans Le Bal des folles, sont considérées comme folles les femmes qui ne veulent pas être soumises aux hommes et ont besoin d’indépendance. Elles sont donc enfermées car elles sont en vérité plus fortes et plus intelligentes que les hommes et que ces derniers en ont peur. Ce sont plutôt les hommes qui, de notre point de vue plus moderne, sont fous de faire subir de tels traitements aux femmes. C’est donc la peur de la différence qui pousse certains individus à considérer d’autres personnes comme folles. Le livre nous montre donc que la folie ne dépend que du point de vue de chacun, qu’elle varie selon les époques, les milieux, les individus. Il nous pousse à réfléchir, à ne pas juger, à essayer de comprendre les personnes différentes car peut-être que ce que l’on considère comme étrange aujourd’hui, sera tout à fait normal demain.

Ensuite, les relations entre les « folles » sont très belles et s'en dégage une vraie sororité. Les internées sont toujours solidaires, toujours unies, si bien que nombreuses d’entre elles ne souhaitent pas sortir de la Salpêtrière. En effet, même si ce lieu est loin d’être idéal, elles s’y sentent aimées, moins seules que dans la rue et font partie d’un groupe, de quelque chose qui les dépasse. Cette sororité fait donc également réfléchir sur la notion de liberté, à laquelle les internées sont prêtes à renoncer. Dans notre société cette notion semble absolument indispensable ; cela m’a donc beaucoup étonnée, voire frustrée de la voir remise en question. À la suite de cette lecture, on peut même en venir à se demander si la liberté à tout prix vaut vraiment la peine. Cette question m’effraie car rendre les individus si désespérés qu’ils renoncent d’eux-mêmes à leur liberté est un moyen terriblement efficace de soumettre des peuples entiers. Mais, d’autre part, si l’on possède tout ce dont on a besoin à l’intérieur d’une cage, pourquoi essayer d’en sortir ? Cette réflexion m’a véritablement retournée le cerveau et beaucoup perturbée, mais j’aime être confrontée à des points de vue différents des miens lors de mes lectures.

Enfin, même si certaines internées du Bal des folles se sont résignées à le rester, d’autres ont toujours soif de liberté et d’émancipation. Un véritable message d’espoir sur l’émancipation féminine est alors délivré. De plus, le livre met bien en valeur le fait qu’il n’y a pas qu’une forme de domination, d’emprisonnement. Les « folles » rêvent de sortir de la Salpêtrière, donc d’être libres de se déplacer, d’aller où bon leur semble, tandis que d’autres femmes, libres de circuler, s’émancipent mentalement et sont plus heureuses ainsi. Le roman peut même encourager les femmes qui, de nos jours, sont toujours soumises à une autorité masculine, à se rebeller et à se libérer, car, si deux siècles plus tôt, même des femmes qui vivaient à une époque où la société les réprimait ont réussi à s'émanciper, qu'est-ce qui les empêche d'en faire de même ? Le livre délivre donc des messages variés, tous plus intéressants et bien traités les uns que les autres.


Je voudrai conclure mon article d’abord en vous conseillant vivement de lire Le Bal des folles, mais aussi en vous parlant un peu de son adaptation en film. Je l’ai également plutôt apprécié. Il apporte vraiment quelque chose à l’univers du livre. J’aurais aimé vous écrire un article dans lequel je compare le livre et le film, à l’instar de ce que j’avais fait pour Hunger Games, mais j’ai écouté un très bon podcast à ce sujet et je crains d’être influencée par ce dernier et de produire un article trop similaire. Je vous renvoie donc vers ce podcast et vous conseille également de regarder le film disponible sur Amazon Prime Video.

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